Service de réanimation dans une clinique au Muret, à proximité de Toulouse. 1:29
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Benjamin Peter, Arthur Helmbacher, édité par Mathilde Durand
De Strasbourg à Toulouse, les hôpitaux sont sous pression face à l'affluence de patients atteints du Covid-19. Les soignants s'organisent pour pallier au manque de personnel, de l'aide-soignant à l'infirmier. Des formations en quelques jours sont dispensées pour aider en réanimation. 
REPORTAGE

La France a passé la barre des 2 millions de cas positifs au Covid-19 depuis l'apparition de l'épidémie et plus de 46.000 personnes sont mortes. Néanmoins le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, souligne une "tendance positive". Mais le système hospitalier reste malgré tout sous pression : 33.500 patients sont hospitalisés et 4.854 malades occupent actuellement des lits en réanimation. Les hôpitaux s'organisent pour faire face, notamment au manque de main d'œuvre.

A la recherche d'infirmiers et d'aides-soignants

A Toulouse, par exemple, le CHU est à la recherche de 150 infirmiers et aides-soignants. Pour recruter malgré le coronavirus, les équipes ont organisé un job dating virtuel. La concurrence entre les établissements se fait rude. "Franchement, quand je recrute une aide-soignante d'un Ehpad en ce moment, je me demande comment ils vont faire pour remplacer. Je ne peux pas dire que je n'y pense pas", se désole Anne Marthe Ramondenc, cadre de santé. Si trouver des infirmiers est déjà difficile, recruter des aides-soignants semble presque impossible. "On se bat tous les jours, on en trouve au compte-goutte", explique la cadre de santé. "Ce sont des métiers difficiles qui ont besoin d'être valorisés. Si c'est un métier que l'on prend d'un point de vue alimentaire, on ne peut pas le faire longtemps".

Lors du job-dating, elle a fini par trouver une aide-soignante intéressée par le poste, depuis la Martinique, la première semaine de novembre. Dans le cas du CHU de Toulouse, le prestige de l'établissement aide à attirer des profils, comme le confirme Morgane. Infirmière et originaire d'Ariège, la jeune femme a été recrutée via job-dating et a sauté sur l'occasion de venir travailler à Toulouse. "Une grande majorité vient à Toulouse car on voit les suites de prise en charge et on a beaucoup plus de matière pour apprendre, pour se perfectionner sur notre pratique. C'est bien d'être dans des hôpitaux de pointe comme les grands CHU." Grâce à ce système innovant, quinze soignants ont déjà été recrutés depuis le début du mois et une soixantaine d'autres pourraient les rejoindre dans les prochaines semaines. 

Des formations express avant la réanimation

Une fois recrutés, les soignants doivent être prêts à faire face. Plus au nord, à Strasbourg, les hôpitaux universitaires procèdent à des formations accélérées pour les infirmiers en réanimation. Plusieurs sessions de travail sont organisées par jour pour éviter d'envoyer au front des personnels qui ne seraient pas préparés. A l'aide de mannequin, sous la supervision d'un médecin, deux infirmiers apprennent les bons gestes face aux patients en détresse respiratoire, par exemple.

Un peu en retrait mais très attentive, Julie Helms, numéro 2 du service de réanimation de l'hôpital civil, observe ses futurs collègues. "C'est une formation express, il ne faut pas se faire d'illusion. On n'est pas en train de fabriquer des infirmiers de réanimation avec une formation de deux jours. Par contre, on essaie de limiter les dégâts, en quelque sorte de leur donner confiance", explique-t-elle. "La différence entre les deux vagues, c'est que lors de la première vague, ils ont été formés sur le tas. Il y a des infirmiers qu'on a traumatisé, on les a jetés dans un service de réanimation et on leur a dit 'débrouillez-vous'." 60 infirmiers doivent ainsi être formés les prochains jours. Des réservistes qui pourraient venir en renfort si besoin dans les services de réanimation.