Élargissement du rappel vaccinal : va-t-on recevoir une nouvelle dose tous les six mois ?

Vaccin Covid Coronavirus
À terme, il n'y aura "pas besoin d'avoir des anticorps tout le temps", assure Sandrine Sarrazin. © Alain JOCARD / AFP
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Afsané Sabouhi
Emmanuel Macron a annoncé mardi soir une campagne de rappel vaccinal pour les 50-64 ans, "dès le début du mois de décembre". Pour la chercheuse Sandrine Sarrazin, interrogée par Europe 1, l'approche vaccinale contre le Covid-19 est différente de celle contre la grippe, avec un virus différent chaque année.
DÉCRYPTAGE

Le vaccin contre le Covid-19 va-t-il devenir saisonnier et fréquent, comme celui de la grippe ? La question peut se poser avec l'élargissement de la dose de rappel aux personnes âgées de 50 à 64 ans, annoncé mardi soir par Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée, la neuvième depuis le début de la crise sanitaire. De manière plus contraignante, les personnes de 65 ans et plus devront disposer de cette dose de rappel, la troisième, au 15 décembre prochain, si elles veulent avoir un pass sanitaire valide.

À cette question, justement, Sandrine Sarrazin, chercheuse au centre d'immunologie Inserm de Marseille-Luminy, apporte une réponse claire : non,  il n'y a pas de raison d'imaginer que nous allons devoir nous faire injecter une nouvelle dose tous les six mois. "La grippe, chaque année, c'est un virus différent, donc chaque année, on doit se protéger contre ce virus. Dans le cas du virus du Covid-19, on n'est pas du tout dans cette situation-là", estime-t-elle.

"Comme si on roulait à contresens sur l'autoroute"

Sandrine Sarrazin affirme que nous sommes "pour le moment en pleine vague épidémique avec le variant Delta, qui nous embête, dans l'hémisphère nord, depuis le mois de juillet. C'est celui qui va probablement nous embêter tout l'hiver."

Et la spécialiste de recourir à la métaphore automobile pour décrire la situation actuelle. "C'est un peu comme si on roulait à contresens sur l'autoroute, avec plein de voitures qui arrivent en sens inverse. On va rencontrer le virus et il faut garder une bonne immunité. On va mettre la ceinture : c'est un taux d'anticorps élevé dans le sang. Mais, en plus, on va s'assurer d'avoir des airbags et d'avoir l'ABS. Ça, c'est l'immunité à long terme, qui va nous protéger plus tard."

Il faut donc se projeter vers l'après-crise, "quand le virus circulera un peu moins", avance la chercheuse en immunologie. "On pourra se contenter d'avoir juste les cellules mémoires et pas forcément d'anticorps dans le sang tout le temps, ça devrait suffire." Et donc éviter à des dizaines de millions de Français des doses de rappel au cours de la décennie 2020.