L'institut Prism est dédié à la recherche sur les traitements innovants du cancer. (photo d'illustration) 2:21
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Laetitia Drevet , modifié à
L'institut Prism, dédié à la recherche sur le cancer, veut proposer d'ici quelques années des thérapies ciblées à tous les malades en les orientant vers le bon traitement dès leur prise en charge. Invité mardi de "Sans rendez-vous", le professeur Fabrice André fait le point sur l'avancée de ces recherches. 
INTERVIEW

Les cancers représentent en France la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme. Plus de 150.000 personnes en meurent chaque année. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que la détection d’un cancer à une phase précoce de son développement augmente de façon importante les chances de guérison. C'est de ce constat qu'est né l'institut de recherche Prism, dédié à la recherche de futurs traitements du cancer. "Notre objectif à terme est de proposer des thérapies ciblées à tous les malades en déterminant le bon traitement dès la prise en charge", explique le professeur Fabrice André, invité de Sans Rendez-vous mardi. 

Déterminer le risque de rechute le plus tôt possible

Chaque patient atteint de cancer l'est d'une manière unique. "Le but de Prism est de trouver des moyens de comprendre les mécanismes moléculaires du cancer de chaque patient. On pourra ainsi déterminer quelle cible taper pour améliorer le pronostic", résume Fabrice André. Pour cela, les chercheurs misent notamment sur l'intelligence artificielle. Car certains logiciels de pointe sont capables de détecter des informations invisibles à l'œil des scientifiques. 

"Pour détecter le cancer aujourd'hui, on utilise l'anatomopathologie (analyse au microscope des cellules ou des tissus prélevés sur un organe, nldr). Ces prélèvements contiennent des centaines de milliers d'informations mais un médecin ne peut pas tout extraire. Alors que l'on peut demander à l'intelligence artificielle d'identifier la combinaison de points associée à un risque de rechute." En sachant à l'avance qu'un patient risque de rechuter, les médecins pourront adapter son traitement en amont. 

Des cancers "synthétiques" pour expérimenter les traitements

Ce type d'innovation pourrait être particulièrement salutaire pour les cancers agressifs comme ceux du pancréas, dont le taux de mortalité est encore stable voire en hausse. Pour mieux les appréhender à l'avenir, des recherches sont aussi menées du côté des observations ex vivo. "Il s'agit de voir si l'on peut créer des sortes de cancers synthétiques en dehors du patient pour l'exposer à des médicaments et voir lesquels pourraient mieux marcher", explique Fabrice André. 

Une recherche mondiale et dynamique

Des instituts du même type que Prism existent un peu partout dans le monde, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Allemagne. "Nous travaillons ensemble au quotidien, tout le monde fait ça ensemble." Si leurs recherches aboutissent, 200.000 vies pourraient être sauvées dans le monde chaque année. "En traitant les patients quand la guérison est encore possible, 50% des rechutes peuvent être évitées."

Si elles ne sont pas abouties, les recherches avancent à bon rythme. "On a les éléments scientifiques et technologiques qui peuvent nous amener dans les 10 ans à venir à avoir 70% de cancer guéris. La feuille de route est tracée", souligne Fabrice André. Il ajoute : "Pour aller au-delà, il va falloir des esprits brillants qui amènent des choses dont on n'a pas encore idée."