Le nombre de patients en réanimation augmente. Photo d'illustration. 1:13
  • Copié
, édité par Antoine Terrel
Alors que plusieurs personnalités reprochent au gouvernement de n'avoir pas ouvert assez de lits supplémentaires en réanimation ces derniers mois, des médecins rappellent à Europe 1 que de telles ouvertures nécessitent des moyens humains et une formation sur le long terme. 

Faut-il reprocher au gouvernement et aux autorités sanitaires de n'avoir pas assez augmenté le nombre de place en réanimation depuis le pic de la crise du coronavirus ? Ce week-end, l'ancienne ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a fustigé l'action de l'exécutif, estimant que ce dernier avait eu "six mois pour augmenter le nombre de lits". "Seul ce manque explique les mesures catastrophiques pour l'activité économique", critique-t-elle encore, en faisant allusion par exemple aux fermetures de restaurants et de bars, totales ou partielles. Mais pour plusieurs médecins contactés par Europe 1, ces critiques sous-estiment notamment les effectifs humains nécessaires pour ouvrir plus de lits. 

D'abord c'est ignorer que le coronavirus est un virus très dangereux qui tue. Certes la prise en charge en réanimation s'est améliorée mais le taux de mortalité est encore très haut, notamment dans les publics les plus vulnérables comme les personnes âgées. 

Des médecins inquiets

"C'est irresponsable de dire 'y'a qu'à, y'a qu'à'", s'agace le Pr Gilles Pialoux, chef des maladies infectieuses à hôpital Tenon à Paris. "Ouvrir des lits de réanimation, c'est ouvrir des lits avec du personnel formé. Or on ne le forme pas en trois, six, huit mois. Cela se compte en nombre d'années."

Imaginer qu'on peut ouvrir des services entiers et des tas de lits de réanimation en si peu de temps "relève au pire de la 'bravitude', au pire de la 'stupiditude'" ironise un autre médecin. Plus largement, tous les médecins contactés par Europe 1 sont très inquiets et énervés.

"On est à un moment crucial de la maladie, rappelle un autre. Si on donne la parole à tous les épidémiologistes de comptoir, le risque que la population n'accepte pas les mesures actuelles est très grand."