"Depuis 30 ans, la France prend un retard considérable en matière d'aide aux personnes âgées", estime Romain Gizolme, directeur de l'AD-PA

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Céline Brégand
Selon une enquête du ministère de la Santé, un tiers des résidents en Ehpad sont en situation de détresse psychologique. Conséquences, "il faut construire des modèles de fonctionnement d'établissements beaucoup plus proches de la vie à domicile", estime Romain Gizolme, directeur de l'Association des directeurs au service des personnes âgées.  
INTERVIEW

Une enquête du ministère de la Santé, plus précisément de la Drees (la direction de la de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), sur l'état psychologique des résidents en Ehpad révèle qu'un tiers des résidents en Ehpad sont en situation de détresse psychologique. Leur moral serait plus dégradé que celui de ceux qui restent à la maison. Un tiers ne se sentiraient jamais ou rarement heureux, soit deux fois plus que les seniors qui restent à domicile. Pour Romain Gizolme, directeur de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), "on répond très bien aux besoins de base, mais on ne sait pas encore suffisamment accompagner les gens pour qu'ils puissent continuer de se réaliser parce qu'on arriverait à répondre à leurs attentes et à leurs aspirations". 

"Les politiques vieillesse ont été construites autour d'une idée plutôt sanitaro-centrée"

Pour Romain Gizolme, cette enquête du ministère de la Santé montre que les personnes en situation de fragilité "ont besoin d'un accompagnement plus important" car il est plus difficile pour elles "d'accéder à des activités de vie sociale, à des liens avec d'autres personnes", ce qui a "une incidence sur la qualité de vie, le moral et le bien-être psychique".

"Les politiques vieillesse ont été construites autour d'une idée plutôt sanitaro-centrée, c'est-à-dire très hospitalière et d'une idée de protection et de surveillance", résume le directeur de l'AD-PA. Mais aujourd'hui, "les gens ne sont pas satisfaits de l'accompagnement à domicile ni de l'entrée en établissement". La solution pour lui ? "Construire des modèles de fonctionnement d'établissements beaucoup plus proches de la vie à domicile voire qui deviennent des domiciles."

Les promesses de la loi grand âge et autonomie 

"Depuis 30 ans, la France prend un retard considérable en matière d'aide aux personnes âgées", constate-t-il. En juin 2018, Emmanuel Macron avait promis la réforme en faveur du grand âge pour début 2019. Fin janvier, Agnès Buzyn assurait que le projet de loi serait "présenté à l'été" 2020. "Emmanuel Macron n'est pas responsable de la situation des 30 ans mais il est responsable de mettre en place des solutions parce qu'il a promis avec cette loi grand âge et autonomie", rappelle Romain Gizolme. 

Une loi qui va permettre, deux choses. D'abord, "augmenter le temps de présence auprès des personnes âgées parce qu'il faut prendre plus de temps". Et ensuite de "ne plus construire des politiques vieillesses construites autour de la question de la protection mais des politiques vieillesses construites autour de la question de l'autonomie", c'est-à-dire comment permettre à des gens en situation de fragilité "de pouvoir continuer à réaliser des activités épanouissantes pour elles-mêmes".