recherches covid 1:43
  • Copié
Lionel Gougelot, édité par Juline Garnier , modifié à
À l'Inserm de Lille, des chercheurs ont entamé des travaux sur des cerveaux humains de malades décédés lors de l'épidémie de coronavirus. Des séquelles sur les voies respiratoires ont souvent été évoquées, mais le virus pourrait aussi avoir des effets sur le vieillissement du cerveau et la fertilité des personnes atteintes.
REPORTAGE

Même après deux ans d'épidémie, le virus du Covid-19 reste bien mystérieux. À l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les chercheurs lillois ont entamé des travaux sur des cerveaux humains de malades décédés lors de l'épidémie de coronavirus. Après les voies respiratoires et le cœur, ils cherchent à démontrer si le virus a un effet sur le vieillissement du cerveau et la fertilité des personnes atteintes. 

La section "Lille neuroscience et cognition" des scientifiques a pu mettre en évidence le fait que le virus était susceptible aussi de "tuer" certaines cellules protectrices du cerveau et donc de le fragiliser. Une attaque du virus qui pourrait engendrer chez certaines personnes des troubles cognitifs et des maladies neurodégénératives, avec des effets potentiels sur la fertilité masculine.

Dans une salle réfrigérée du laboratoire, Florent, étudiant participant aux recherches, montre un petit morceau de cerveaux humain baignant dans du formol. "C’est un fragment d’hypothalamus, c’est notre zone d’intérêt et de recherche, le tissu est intact, on va le congeler et on va le couper pour en faire des lamelles d’une épaisseur de 14 microns", explique-t-il.

Une possible fragilisation des neurones

Dans sa main, il s'agit d'un échantillon d’un malade décédé du Covid-19 lors de la première vague de l’épidémie, qui permettra de déceler la présence du virus. "C’est sur ces coupes extrêmement fines de cerveau qu’on est capables d’identifier la nature des cellules qui ont été infectées ou non par le virus", détaille Vincent Prévot, directeur de recherche à l’Inserm.

Des cellules infectées qui, même en cas de Covid léger, pourraient fragiliser les neurones, et engendrer une moins bonne oxygénation du cerveau. "Il se peut que le cerveau des patients ait été quelque peu fragilisé et auquel cas peut-être que les patients qui ont eu ce Covid-19 auront un cerveau qui va moins bien vieillir et cela pourra prédisposer des gens à développer des maladies du vieillissement et peut-être des démences telles que l’Alzheimer, mais cela seul l’avenir pourra nous le dire."

Des séquelles dont devraient être épargnées les personnes vaccinées

Dans les prochains mois, des patients hospitalisés à Lille seront suivis régulièrement. Les chercheurs leur feront passer des tests cognitifs pour déterminer dans quel état ils sont. Ils seront également soumis à des IRM pour examiner la structure et l’activité de leur cerveau. En parallèle, dans ce projet financé par la Fondation sur la recherche médicale, l’équipe lilloise explore également les conséquences du Covid sur la fertilité masculine le virus ayant peut-être des effets sur les neurones de la reproduction.

"On en est au tout début de nos investigations3, explique Vincent Prévot. "On a quelques études qui révèlent que certains malades du Covid souffrent d’une infertilité qui peut durer plusieurs mois, il faut donc poursuivre les recherches pour permettre une meilleure prise en charge des patients à l’avenir." Pour le moment, tout reste encore à découvrir sur ces possibles effets du virus.