Consommation de médicaments : attention à ces mauvaises habitudes qui peuvent se révéler fatales

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Lors de la prise d'un médicament, respecter la posologie est une des règles de base. Image d'illustration. © JOEL SAGET / AFP
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Chaque année, plus de 10.000 morts sont dues à un mauvais usage des médicaments, a indiqué jeudi le Collectif bon usage du médicament.

On en parle peu et pourtant elle tue trois fois plus que les accidents de la route. La iatrogénie, la mauvaise utilisation de médicaments, fait plus de 10.000 morts et entraîne 130.000 hospitalisations par an en France. C'est ce qu'affirme jeudi le Collectif bon usage du médicament, qui regroupe des professionnels de santé. "Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments... les causes d'un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d'être anodines", écrit-t-il dans un communiqué. Pour éviter les mauvaises surprises, Europe 1 vous rappelle ces gestes anodins à éviter absolument.

"J'ai oublié de prendre mon traitement ce matin, ce n'est pas grave, je le prendrai deux fois ce soir"

Il est dangereux de doubler la dose d'un médicament, même quand il s'agit d'un médicament commun comme le paracétamol. La posologie, indiquée sur la notice, est en effet primordiale. Il s'agit de la quantité et de la fréquence de la prise que votre corps peut supporter. L'espacement entre deux prises doit aussi être respecté. La posologie vise enfin à ce que l'effet thérapeutique soit le plus efficace possible. Sachez cependant que votre médecin peut décider de la modifier en fonction des particularités de votre profil : âge, poids, état de santé général… Entre la notice et l'ordonnance, priorité donc à cette dernière. En cas de doute, demandez l'avis d'un pharmacien.

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"Il me reste trois jours de traitement mais je ne me sens plus malade, j'arrête tout de suite"

Sachez que seul un professionnel de santé peut décider de l'arrêt d'un traitement. Espacer les prises en cas de mieux-être est aussi une erreur car le traitement perd alors de sa vigueur. De plus, ce n'est pas parce que vous vous sentez guéri que la cause du traitement, elle, a totalement disparu. Pour être efficaces, certains traitements doivent en effet être pris sur un temps bien précis, par exemple des antibiotiques dans le cas de certaines maladies. En outre, l'arrêt de certains médicaments peut entraîner des effets de sevrage. C'est le cas par exemple des somnifères, des antidépresseurs ou encore de certains antidouleurs comme ceux de la famille des morphiniques. Dans ces cas, c'est le médecin qui met en place un arrêt progressif.

"Pour gagner de la place dans mon armoire à pharmacie, je jette les emballages et ne garde que les plaquettes"

Jeter l'emballage de ses médicaments est une erreur. En les mettant à la poubelle, vous perdez des informations précieuses : la date de péremption et en cas de générique, le nom du médicament correspondant sur l'ordonnance. Enfin, les pictogrammes indiquent les possibles dangers de la conduite ou les risques pour les femmes enceintes. Les médicaments doivent être conservés avec tous leurs emballages dans un endroit frais et sec et hors-de-portée des enfants.

"Je suis malade, je vais finir les médicaments qu'il me reste d'une ancienne prescription"

Improviser un traitement en faisant les fonds de tiroirs de sa salle de bain n'est jamais une bonne idée. Même si vos symptômes ressemblent beaucoup à ceux que vous aviez la dernière fois que vous êtes allé voir votre médecin et qu'il vous a prescrit un médicament bien particulier. Vous risquez de prendre des cachets périmés ou tout simplement des médicaments totalement inutiles. Idem pour les médicaments d'une autre personne : vous n'avez pas forcément la même maladie qu'elle et prendre un médicament inconnu fait courir un risque d'allergie ou de contre-indications.

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"Les médicaments sans ordonnance ne sont pas dangereux, donc je peux les coupler sans problème avec mon traitement"

Huiles essentielles, pastilles pour la gorge, antidouleur… 4.000 médicaments sont vendus librement en pharmacie en France. Mais qui dit sans ordonnance ne dit pas sans danger. Ils sont très souvent composés de principes actifs, tout comme les médicaments sur ordonnance. Il faut donc toujours demander l'avis d'un pharmacien surtout si vous suivez déjà un traitement. Certaines associations peuvent avoir des effets secondaires néfastes. En outre, selon une étude de 60 Millions de Consommateurs publiée en novembre dernier, sachez que l'automédication peut être inefficace. Sur les 62 produits testés, seuls 13 ont été classés à la fois sûrs et efficaces.

"Je vais voir un nouveau médecin. Inutile de lui préciser ce que je prends déjà comme médicaments puisqu'il a accès à tout avec internet"

Internet ne fait pas tout dans la prise en charge médicale. Le Dossier médical partagé (DMP), en test dans une poignée de départements, doit contenir les résultats de vos examens, les antécédents et allergies et tous les médicaments qui vous ont été prescrits. Bref, il pourrait être un outil précieux pour les équipes médicales. Cependant, non obligatoire, il est créé seulement à l'initiative du patient. Le Collectif Bon usage du médicament, dans ses recommandations dévoilées jeudi, propose par conséquent d’accélérer le processus de partage des données à travers ce DMP. Si vous avez l'habitude de consulter plusieurs médecins et souffrez de plusieurs pathologies, mieux vaut à chaque nouvelle consultation faire un point précis sur vos traitements afin que le médecin adapte sa propre prescription.

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"Je n'ai pas assez de doliprane pour mon enfant fiévreux, je complète avec de du doliprane pour adultes"

Jouer les apprentis pharmaciens peut se révéler risqué, qui plus est quand il s'agit de soigner votre progéniture. Enfants et adolescents ont en effet leur propres médicaments avec des posologies propres. De plus, ces dernières, qui se comptent en prises quotidiennes pour les adultes, se basent sur le poids pour les plus petits. Leurs médicaments, étant souvent sous forme liquide, se donne aussi souvent avec des pipettes ou des cuillères-doseuses. Il est donc primordial de bien suivre l'ordonnance et ne pas perdre l'ustensile utile à bien mesurer les doses. Si vous l'avez perdu, adressez vous à un pharmacien qui pourra peut-être fournir une nouvelle dosette.