Les TOC sont souvent liés à l'hygiène, ou à des vérifications compulsives (photo d'illustration). 6:31
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Margaux Lannuzel , modifié à
Invité de "Sans Rendez-vous", mercredi sur Europe 1, le Psychiatre Luc Mallet, également chercheur à l'Institut du cerveau, a donné une définition précise des Troubles obsessionnels compulsifs (TOC), différents des tics et pour lesquels les malades tardent parfois à consulter. 

On en parle souvent, sans savoir ce que leur définition recoupe exactement. En France, au moins "2 à 3%" de la population souffre pourtant de Troubles obsessionnels compulsifs (TOC), un pourcentage "peut-être même un peu sous-estimé", selon Luc Mallet. Invité de Sans Rendez-vous, mercredi, le psychiatre, également chercheur à l'Institut du cerveau (ICM) a expliqué plus précisément quels signaux devaient alerter. 

Qu'est-ce qu'un TOC ? 

"Des obsessions, des idées, des pensées intrusives gênantes qui peuvent générer de l'anxiété et des comportements qui visent généralement à neutraliser ces pensées", définit Luc Mallet. Ces TOC concernent souvent l'hygiène (le fait de se laver compulsivement les mains, par exemple) ou des vérifications en tous genres. "Par exemple, on va aller voir sa porte parce qu'on a l'obsession qu'il puisse arriver quelque chose de grave si on laisse sa porte ouverte." 

Plusieurs critères viennent s'ajouter à cette définition. "Pour qu'un TOC en soit un, il faut qu'il soit présent tous les jours, qu'il interfère avec le fonctionnement quotidien, et on considère qu'il faut que toutes ses manifestations prennent au moins une heure par jour", explique le psychiatre. Le TOC doit aussi être lié à une crainte injustifiée : le fait de se laver très régulièrement les mains en période de pandémie de Covid-19 n'en est donc pas un. 

Enfin, les patients présentant des TOC souffrent, aussi "la plupart du temps", d'un doute "pathologique", "générateur d'anxiété et d'angoisse" - qui pousse par exemple à retourner voir si la porte est fermée seulement deux minutes après l'avoir fait. 

Quelle différence avec un tic ? 

"Un tic est un mouvement non volontaire, qui peut être une petite saccade, un petit clignement d'œil, un mouvement de l'épaule ou du cou, ou un mouvement plus complexe, en interaction avec les autres, qui vont viser à toucher quelqu'un, par exemple", précise Luc Mallet. "La personne ressent alors le besoin d'effectuer le tic et a beaucoup de difficulté à le réfréner."

La personne qui en souffre peut donc ressentir une "pression urgente" à agir, mais "il n'y a pas de pensée associée, intrusive et gênante", comme dans le cas des TOC, selon le psychiatre. Une différence pas toujours simple à établir, car "il peut y avoir des tics qui ressemblent à des TOC, comme par exemple le fait d'agencer les choses en symétrie". 

Qui et quand consulter ? 

"Il y a souvent un retard de diagnostic, dû au fait que les personnes qui ont des TOC, la plupart du temps, le masquent" par honte, constate le chercheur, qui distingue deux "groupes" de patients : ceux dont les troubles démarrent dès l'enfance, vers 11-12 ans, et ceux qui ne sont atteints que vers 20-25 ans. Les hommes et les femmes sont également touchés.

"Si un enfant se met à avoir de petits rituels, c'est quelque chose qui peut être normal, qui va passer, éventuellement avec une aide transitoire", souligne Luc Mallet. Mais si les troubles persistent et suscitent un doute chez les parents, le spécialiste préconise de "consulter tôt", en se tournant d'abord vers le médecin traitant. Après une première évaluation, celui-ci peut commencer un traitement ou orienter le patient vers une prise en charge par un psychologue, psychothérapeute ou psychiatre. Car, bonne nouvelle les TOC se soignent : "Deux tiers des patients répondent parfaitement aux traitements de première ligne qui existent actuellement."