L’impact sur la santé du bébé est important dès les premières cigarettes fumées. 2:05
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Antoine Cuny-Le Callet
Le tabagisme pendant la grossesse est un phénomène répandu. Son impact sur la santé du bébé et de la mère, bien que réel, est encore méconnu, tout comme les moyens de lutter contre celui-ci. Gilles Grangé, gynécologue obstétricien à la maternité Port Royal à Paris, était l'invité de l'émission de Mélanie Gomez sur Europe 1.
INTERVIEW

Gilles Grangé, gynécologue obstétricien à la maternité Port Royal à Paris, l'a répété maintes fois : "il n'est pas question de faire culpabiliser" les femmes fumant pendant la grossesse. Dans l'émission de Mélanie Gomez consacrée à la question du tabagisme pendant la grossesse, il a néanmoins tenu à apporter son éclairage sur l'étendue du phénomène, les risques pour la santé et les moyens de lutte.

Combien de femmes sont concernées ?

A l'âge de 30 ans, le tabagisme de la population féminine en France est de l'ordre de 30%. On estime que la moitié d'entre elles arrêtent en cas de grossesse : il y aurait donc encore environ 15% de femmes fumeuses en fin de grossesse. "98% des fumeuses savent qu'il faut diminuer [leur tabagisme]", assure Gilles Grangé. "Elles font toutes un effort mais elles culpabilisent énormément."

Quels sont les risques pour la santé du bébé et de la mère ?

On sait désormais que le tabagisme de la mère augmente les risques de fausse couche. Le tabac a un effet tératogène sur la formation même de l'embryon, pouvant entraîner des malformations. Il augmente les risques d'asthme et de difficultés respiratoires. La probabilité que le bébé ait un retard de croissance, de quelques centaines de grammes à la naissance, est elle aussi plus élevée. "Quand on est a terme ce n’est pas très grave, mais quand on est un tout petit peu prématuré [...] ça peut l'être beaucoup. Le bébé va être hospitalisé en pédiatrie alors que la maman va être à la maternité."

La grossesse n'augmente pas particulièrement les risques du tabac pour la santé de la mère. Cette dernière continuera cependant d'accumuler une dose dangereuse à long terme. Mais "il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer", assure le gynécologue.

Quelles sont les méthodes les plus efficaces ?

La consultation chez un tabacologue est une première étape pour arrêter de fumer. Elle permet de faire le point et d'envisager un traitement. Théoriquement, toutes les grandes maternités doivent proposer une consultation spécialisée en tabacologie.

L'utilisation d'un substitut au tabac est envisageable selon Gilles Grangé. Si la présence, sur les patchs à la nicotine, d'un pictogramme déconseillant l'utilisation chez la femme enceinte semble plutôt dissuasive, "la nicotine est beaucoup moins toxique que le tabac". Le médecin gynécologue considère le patch ou la cigarette électronique comme un moindre mal. A l’évocation de la possible efficacité de la médecine "naturelle", comme l’acupuncture ou l'hypnose, ou des incitations financières, il ajoute : "Il n'y a pas de mauvais moyen".

Enfin, le soutien du conjoint semble être la meilleure façon de convaincre la femme enceinte d'arrêter la cigarette : "Quand le conjoint réussi le sevrage en cours de grossesse, alors c'est gagné pour la femme enceinte".