Cancers et troubles articulaires : la liste des maladies professionnelles s’allonge

© REMY GABALDA / AFP
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Un décret paru récemment étoffe la liste des maladies professionnelles : s’y ajoutent deux cancers provoqués par l’exposition à des substances polluantes et plusieurs troubles articulaires. 

Au fur et à mesure des avancées de la recherche médicale, la liste des maladies professionnelles s’allonge. On y comptait entre autre les insuffisances rénales et les infections cérébrales dues au plomb. S’y ajoutent maintenant le cancer du foie et du sang, mais aussi des troubles articulaires.

Des troubles articulaires liées aux travaux pénibles et répétitifs. Le tableau de la sécurité sociale "relatif aux affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail" évolue. 

Lorsqu’un travail entraîne "une position prolongée en flexion forcée, appui prolongé…", ou "des efforts pratiqués en station prolongée sur la pointe des pieds", les problèmes articulaires qui en découlent peuvent être reconnus comme maladies professionnelles. Sont concernées : les irritations chroniques et les tendinites du genou, de la cheville et du pied.

Quant aux employés qui portent des charges lourdes ou effectuent des efforts importants "exécutés habituellement en position agenouillée ou accroupie", ils peuvent faire reconnaître leurs affections du ménisque du genou comme maladie professionnelle.

La production de plastique dangereuse pour le foie.Le nouveau décret publié au Journal officiel modifie le tableau des maladies professionnelles tenu par la Sécurité sociale, en insistant sur le rôle nocif des substances chimiques polluantes qui peuvent se trouver dans l’environnement de travail des employés.

Le chlorure de vinyle de monomère est ainsi coupable de provoquer des cancers du foie. Ce composé chimique industriel est largement utilisé dans la production de plastique, notamment de PVC. Ce produit est classé comme "cancérigène avéré" depuis 1987 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Les travailleurs exposés pendant au moins six mois au chlorure de vinyle dans leur cadre professionnel pourront être pris en charge, tant que la maladie se déclare dans un délai maximal de 30 ans après la période d’exposition.

Un gaz toxique responsable du cancer du sang. Autre substance accusée de rendre les travailleurs malades : le 1.3 butadiène. Ce gaz toxique incolore est utilisé dans la fabrication de caoutchouc synthétique, de latex ou de néoprène. On en retrouve par exemple dans le nylon, le vernis et les pneus de voiture.

Il provoque un type de cancer du sang : la leucémie myéloïde chronique, qui se caractérise par une production excessive et anormale de globules blancs dans la moelle osseuse. La maladie est prise en charge si la tumeur apparaît dans un délai de 20 ans après l’exposition en milieu professionnel.

Faire reconnaître sa maladie professionnelle. Contrairement à l’accident du travail, il n’existe pas de définition légale pour encadrer les maladies professionnelles. Il faut néanmoins remplir trois conditions bien précises pour pouvoir faire prendre en charge sa maladie en tant que maladie professionnelle :

  • La maladie doit être inscrite sur un des tableaux de la Sécurité sociale répertoriant les maladies professionnelles, consultables sur le site de l’Institut national de recherche et de sécurité.
  • Il faut apporter la preuve que le malade a été exposé au risque dans son environnement professionnel. Les tableaux listent les travaux porteurs de risques pour la santé.
  • La maladie doit avoir été diagnostiquée par un médecin dans le délai maximal indiqué par la classification. Ce délai débute à la fin de la période d’exposition au risque.

Si la maladie n’est pas inscrite dans la liste des maladies professionnelles, le malade peut encore faire reconnaître le lien de causalité entre l’affection et son travail. C’est le Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles qui donne alors son avis. La décision se base sur un dossier qui doit contenir un rapport de l’employeur et un avis motivé du médecin du travail de l’entreprise concernée.

Prise en charge et indemnités. Lorsqu’une maladie est reconnue d’origine professionnelle, les frais médicaux et/ou chirurgicaux sont pris en charge à 100% par l’Assurance maladie, qui fournit une "feuille d'accident du travail ou de maladie professionnelle". Elle est à faire compléter par les soignants et à renvoyer à l’Assurance maladie pour le remboursement.

Dans le cas où le malade ne peut plus travailler, des indemnités d’incapacité sont également possibles. Temporaires ou permanentes, elles sont calculées sur la base de l’attestation de salaire remplie par l’employeur.