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Laetitia Drevet
Isabelle Guyomarch s'est longuement battue contre le cancer du sein. Aujourd’hui en rémission, elle témoigne sur Europe 1 afin de lever les tabous qui pèsent sur les femmes malades. 
TÉMOIGNAGE

Isabelle Guyomarch dit qu'elle a découvert son cancer du sein dans un "moment d'amour". "C'est mon mari qui a senti la grosseur anormale. Il m'a dit : 'tu as quelque chose là'." Aujourd'hui en rémission, Isabelle Guyomarch s'est battue pendant de longs mois contre la maladie. Elle a publié cette année Combattante, aux éditions du Cherche Midi, un témoignage qui lève les tabous pesant sur les femmes touchées par la maladie. Au premier jour de l'octobre rose, une campagne d'un mois de sensibilisation dédiée au cancer du sein, elle raconte son pénible combat au micro d'Europe 1. 

Un sentiment de solitude

Après la découverte d'une grosseur sur sa poitrine, Isabelle Guyormach effectue une batterie d'examens et de mammographies. "L'attente des résultats a été interminable", se souvient-elle. Et puis le diagnostic tombe : un cancer du sein "de grade 3". "Je ne comprenais pas tous les mots du médecin mais je savais que c'était grave, que ça annonçait un traitement lourd." Un "tsunami émotionnel" qui lui fait perdre tous ses repères. En août 2013, elle subit une opération chirurgicale très douloureuse. "En allant au bloc, je me suis débattue, révoltée, je ne voulais plus y aller." Elle évoque la solitude que peuvent éprouver les patientes, les craintes qu'elles peinent à confier, même à un entourage très présent. "On regarde ses enfants en se demandant si on les verra grandir. Cette peur génère un sentiment de solitude terrible, car elle est compliquée à partager."

"L'hygiène devient très compliquée"

La suite du traitement, c'est la chimiothérapie. "Un traitement lourd, très difficile à supporter... mais qui peut vous sauver la vie." Le moral d'Isabelle Guyormach en prend tout de même un sacré coup. "La chimiothérapie altère considérablement l'image qu'on a de soi. Dans la salle de bains, je ne voyais plus que l'ombre de moi-même." Avec la maladie, prendre soin d'elle devient un combat quotidien. "Avec la chimio, la peau souffre énormément. Les opérations donnent des cicatrices. On ne peut plus mettre de déodorant car avec la chirurgie, les aisselles deviennent un point d'abord... L'hygiène de base devient extrêmement compliquée."

L'après cancer, une période "redoutable"

Pour aider les femmes atteintes de cancer à prendre soin d'elles, Isabelle Guyormach a lancé une marque de produits, Ozalis, adapté aux fragilités des malades. "Je faisais déjà des crèmes pour des grandes marques avant cela. Puis au lieu de faire des crèmes pour celles qui se demandent combien elles auront de rides dans 10 ans, j'ai voulu en faire pour celles qui se demandent si elles auront la chance d'en avoir", explique-t-elle. 

Isabelle Guyomarch aborde aussi la période "redoutable" de l'après cancer, un second "parcours du combattant". Rémission ne veut pas dire guérison, et les anciennes malades rencontrent encore beaucoup de difficultés après les premières victoires. "Il y a des séquelles physiques et psychologiques. L'entourage a souvent envie de tourner la page le plus vite possible, mais pour nous ce n'est pas fini. Le cancer sera toujours présent." Les obstacles sont de plusieurs natures. Il y a les difficultés physiques, le corps qui a changé et qui prend des années à reconstruire. Il y aussi les difficultés pratiques, comme le fait que les malades, même en rémission, ne peuvent pas faire bénéficier d'une assurance pour emprunter dans une banque. "Ce mois d'octobre rose, c'est un mois où j'essaye de rompre la solitude des femmes, et de parler du cancer du sein autrement."