Cancer de la peau : des experts remettent en cause l'utilité du dépistage annuel

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Image d'illustration. © JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP , modifié à
Pour un groupe d'experts américains, ce dépistage annuel entraîne diagnostics erronés et prélèvements inutiles. Des risques plus importants que les bienfaits, selon eux.

Un groupe d'experts médicaux consultés par les autorités fédérales américaines a conclu dans un rapport mardi qu'il existe trop peu d'indications cliniques pour déterminer l'utilité d'un dépistage annuel de lésions cancéreuses de la peau et éviter des morts.

Des diagnostics erronés. Ce groupe consultatif, "U.S. Preventive Services Task Force" (USPSTF), estime "insuffisantes les preuves pour déterminer si les bienfaits potentiels d'un examen annuel par un médecin sont plus grands que les risques" chez les personnes sans précédents familiaux de mélanome ou de prédispositions particulières. Pour les risques, ces experts, dont les conclusions paraissent dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), citent des diagnostics erronés et des prélèvements inutiles accompagnés de complications. 

Une étude critiquée. Dans un éditorial publié également dans le JAMA, le Dr Martin Weinstock, professeur de dermatologie à la faculté de médecine de l'Université Brown à Providence dit comprendre la méthodologie suivie par l'USPSTF pour ses conclusions mais s'interroge sur les critères retenus dans ce cas particulier. L'USPSTF ne s'appuie pas sur des opinions d'experts pour tirer ses conclusions mais exclusivement sur des données provenant d'un ensemble d'essais cliniques strictement contrôlés. Mais pour le cancer de la peau, ces informations sont assez réduites, pointe le dermatologue. Pour déterminer scientifiquement l'utilité de ces examens il faudrait avoir des résultats d'essais cliniques très étendus vu la faible mortalité de ce cancer. Or ces études n'ont pas été faites, a-t-il dit. 

Un outil qui "réduit le risque de mortalité". "La vaste majorité des dermatologues pensent qu'une détection précoce des mélanomes réduit le risque de mortalité, et l'examen de la peau est le principal outil pour cela", souligne le Dr Weinstock. Selon lui, "les médecins généralistes devraient être formés pour pouvoir détecter un mélanome", explique-t-il. L'American Academy of Dermatology (AAD) a également réagi aux conclusions de l'USPSTF, défendant l'utilité du dépistage. "Les dermatologues savent que le dépistage du cancer de la peau peut sauver des vies", a déclaré dans un communiqué Abel Torres, le président de l'AAD.