À l'hôpital de Gonesse, l'hospitalisation de jour séduit les patients mais le personnel soignant estime que cette option est déjà en perte de vitesse. 1:33
  • Copié
Yohann Tritz, édité par Yanis Darras , modifié à
Face au manque de personnel et de lits, les soins ambulatoires ont la cote à l'hôpital. Le principe : après une opération, le patient est libre de retourner chez lui. À l'hôpital de Gonesse, le système séduit les patients mais le personnel soignant estime que cette option est déjà en perte de vitesse. 

La crise de l'hôpital ne cesse de s'accentuer en France. Près de 21.000 lits d'hôpitaux ont été supprimés dans le pays depuis 2016, et rien que 4.300 l'année dernière. La faute au Covid et au manque de personnel selon le ministère de la Santé, qui a publié ses chiffres mercredi.

Pour rééquilibrer la balance, l'hôpital mise de plus en plus sur les soins ambulatoires, c'est-à-dire le retour à la maison après l'opération. Devant l'hôpital Georges Pompidou de Paris, Paulette attend sagement son taxi sur un banc. Elle fait depuis des allers-retours chaque jour entre l'établissement et son domicile pour se faire soigner. Une pratique qui l'a convaincue. 

"Ça fait du bien"

"Quand on n'a pas de souci, c'est parfait", explique Paulette au micro d'Europe 1. "Moi, j'ai été opérée de la vésicule biliaire donc il n'y avait aucun souci pour que je rentre chez moi. Et honnêtement, ça fait du bien", poursuit-elle. Les soins ambulatoires, appelés aussi hospitalisations de jour, sont en hausse de 11 % en cinq ans en France, afin de pallier le manque de place. Mais il n'est pas question pour le docteur Francois Venutolo, à l'origine du virage ambulatoire à l'hôpital de Gonesse, dans le Val-d'Oise, de laisser partir le patient à tout prix. 

Un système déjà à bout de souffle ?

"On ne laisse pas partir un malade si on n'est pas certain de la sécurité qu'on peut lui apporter", explique-t-il. Et d'ajouter : "Si par exemple, une femme se fait opérer de la vésicule et que le soir quand elle rentre, il faut qu'elle s'occupe quand même des cinq enfants et de son mari, et bien, il vaut mieux la garder." Pourtant, Eliane Shnaoui, cheffe du pôle jour de médecine à Gonesse, sent que le système arrive déjà à bout de souffle. "On voit bien que là, la pression pèse sur nous pour faire sortir nos malades", assure-t-elle. 

Une pression qui pose problème car elle l'assure, difficile pour les équipes de santé de soigner plus de monde en soins ambulatoires qu'actuellement.