Il y aurait une augmentation de 20% des passages à l’acte suicidaire chez les enfants et adolescents (image d'illustration) 2:26
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Arthur Helmbacher, édité par Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Le mal-être de la jeunesse semble déferler sur l’hôpital. Après la vague de malades dans les services Covid en mars dernier, une déferlante comparable est en train de s’abattre sur les services psychiatriques en charge des enfants et des adolescents. Europe 1 s’est rendue aux hôpitaux universitaires de Strasbourg.
REPORTAGE

Dans le service de pédopsychiatrie des hôpitaux universitaires de Strasbourg, les soignants sont en première ligne face à ce qu’on appelle ici "la troisième vague psychique" du covid-19. Les appels sont nombreux et le téléphone sonne régulièrement. "On peut en avoir dix d’affilée, et plus urgents les uns que les autres", explique Catherine à l’accueil. Les jeunes sont particulièrement concernés. 

"J’ai beaucoup de familles en pleurs au téléphone aussi", poursuit Catherine. "La dernière, c’était une maman dont le petit garçon est rentré à la maison en disant 'est-ce qu’il faut que je me suicide ?'" Les médecins parlent d’une "détresse inédite des enfants et des adolescents". Il y aurait trois fois plus de prises en charge d’adolescents anorexiques et une augmentation de 20% des passages à l’acte suicidaire.

"Effet cocotte-minute"

Le confinement, le couvre-feu, les cours en distanciel, l’absence de sorties, l’isolement, la solitude en sont les causes principales. "Pendant des mois, ils ont pris sur eux et c’est maintenant que ça explose", dit la pédopsychiatre Julie Rolling qui parle d’une "effet cocotte-minute". Elle explique que certains types de tentatives de suicide comme la pendaison, particulièrement grave, ont augmenté significativement : "Habituellement, on en a quelques-unes chaque année et là on est déjà à quatre tentatives de suicide de ce type depuis le début de l’année."

Le manque de places à l’hôpital est aussi une source d’inquiétude pour les professionnels de santé. Julie Rolling évoque le cas d’une adolescente ayant effectué une quatrième tentative de suicide et qui a été ballotée entre différents services, tous complets, avant de trouver une place dans un lit de chirurgie en pédiatrie. "C’était la solution la moins catastrophique", juge-t-elle. La pédopsychiatrie est saturée, comme l’étaient les services de réanimation au printemps dernier. Les équipes réclament désormais des moyens et du personnel.