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Anaïs Huet , modifié à
Les Urgences de la Fondation pédiatrique Lenval ont été les premières à accueillir les victimes de l'attentat de Nice, le 14-Juillet.
INTERVIEW

"Dans les premières minutes, l’équipe a cru qu’il s’agissait d’un accident de la voie publique, qu’un camion avait perdu le contrôle". Philippe Babe est chef de service adjoint des Urgences de la Fondation pédiatrique Lenval à Nice. Au soir du 14-Juillet, il a été rappelé en urgence pour faire face à l'afflux massif de blessés, qui assistaient quelques minutes plus tôt au feu d'artifice sur la Promenade des Anglais.

40 patients dont 9 adultes. L'hôpital est le plus proche des lieux du drame. "La première victime est arrivée à 22h40", indique Philippe Babe sur Europe 1, mardi matin. "Les médecins n’ont pas tout de suite assimilé ce qui se passait à un attentat. Mais très rapidement, devant l’arrivée d’autres victimes, ils ont compris". Cette nuit-là, ce service pédiatrique prendra en charge 40 patients, dont neuf adultes. "Ça nous a mis en difficulté. On a dû faire face à des situations auxquelles on n'est pas habitués", se remémore le médecin. 

Entendu sur europe1 :
Sur le moment, c'était le chaos.

Un risque assimilé. "Sur le moment, c’était le chaos", confie Philippe Babe. "Recevoir autant de patients sur un temps très court et avec autant de polytraumatismes, c’est une situation exceptionnelle. Mais dans l’action, le technicien prend le pas sur l’homme. On travaille, on agit". C'est dans un second temps que l'équipe médicale a pris conscience de l'ampleur du drame. "On était en alerte, on avait tous dans notre tête le risque d’attentat depuis de nombreuses semaines", confie Philippe Babe. Une formation à la prise en charge de victimes d'attentat avait même été organisée à l'hôpital. "Mais on pensait que les blessures seraient causées par des explosifs. On s’attendait plutôt à des traumatismes pénétrants qu'à du polytraumatisme".

Le personnel très "affecté". S'il regrette les problèmes de "communication" liés au réseau téléphonique saturé cette nuit-là, le chef de service est très fier de ses équipes. "On a toujours l’impression qu’on ne fait pas assez alors que l’équipe a été d’une exceptionnelle efficacité, on a fait le maximum", assure-t-il. Deux enfants transférés dans le service n'ont pas survécu à leurs blessures, mais beaucoup d'autres seront sauvés. Quelques jours après le drame, le personnel médical reste très "affecté". "La gestion du post-attentat est complexe. Nos équipes prennent conscience et ont besoin d’un soutien psychologique", affirme le médecin. "On n’est pas dans la fatalité, on est dans l’inexplicable". 

Deux enfants toujours en "urgence absolue". Aux Urgences de la Fondation pédiatrique Lenval, un patient adulte victime d’une fracture est toujours en chirurgie mais "il va bien et va sortir dans quelques jours". Cinq enfants sont par ailleurs toujours en réanimation, dont "deux sont en urgence absolue, intubés et dont le pronostic vital n’est pas encore déterminé".