Hôpitaux de Marseille : entre clientélisme et dette monstre

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
SANTÉ - Clientélisme, favoritisme, endettement… un rapport épingle la gestion des hôpitaux de la cité phocéenne.

Gestion "archaïque", "système clientéliste", finances "inquiétantes", "privilèges" accordés au syndicat majoritaire…  l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) n'est pas tendre avec les hôpitaux marseillais. Dans un rapport commandé en mars 2013 par la ministre de la Santé Marisol Touraine et publié mardi soir, l'Inspection critique de manière accablante la gestion de l'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM), troisième CHU de France qui emploie 15.000 agents.

Des "agents" qui se sentent "protégés". L'Igas ne pèse pas ses mots : "il doit être mis un terme au système clientéliste qui a longtemps prévalu", intime l'Igas. En effet, "un grand nombre de recrutements de personnels non qualifiés est intervenu pendant de nombreuses années sur recommandations d'élus". Ces agents, "qui se considèrent 'protégés' posent des problèmes en raison de leur comportement". Ils se montrent, selon l'Igas, "irrespectueux" voire "menaçants vis-à-vis de leurs cadres", dont certains sont "découragés".

En cause, "la bonne distance entre la mairie et les instances de l'AP-HM" qui "n'est toujours pas trouvée", selon le rapport. La mission de l'Igas s'étonne d'ailleurs que les réunions du conseil de surveillance "aient toujours lieu à la mairie de Marseille et non dans les locaux de l'établissement" et recommande qu'elles se tiennent désormais au sein de l'établissement.

Les privilèges du syndicat FO. L'Igas pointe du doigt les "privilèges" accordés au syndicat majoritaire Force Ouvrière (FO) et recommande "de mettre fin à la situation réservée à une organisation syndicale fût-elle majoritaire". 
Il faut "la considérer comme les autres, sans privilège d'information et en évitant de lui laisser son rôle traditionnel de 'conseil' en recrutement", demande l'Igas.

Une dette d'un milliard. Par ailleurs, l'Igas juge "inquiétante" la situation financière de l'AP-HM,  "très fortement endettée". En cause ? "Une politique d'investissement ambitieuse et coûteuse".

La dette de l'AP-HM a atteint un milliard d'euros fin 2012 et "l'objectif de retour à l'équilibre est toujours repoussé" et "n'est actuellement prévu qu'en 2014", déplore l'Igas qui constate que les efforts effectués sont "insuffisants".

Une gestion "archaïque". Le rapport est aussi cinglant concernant l'organisation de l'établissement. "Des activités sont gérées de manière archaïque", assène l'Igas, qui cite notamment la gestion "sous forme papier" des archives "sans cohérence entre les différents sites" de l'AP-HM.

L'autre point noir est la situation "toujours préoccupante" de l'informatique. En février 2012, un rapport de la Cour des comptes constatait l'échec de l'informatisation du dossier-patient, qui avait engendré une dépense "largement voire totalement inutile" d'"au moins 14 millions d'euros".

Des contrôles accrus à l'avenir.  L'Igas invite l'Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur  à "exercer, plus qu'elle ne l'a fait au cours des dernières années, ses missions de contrôle, d'évaluation et de suivi de la gestion et de l'évolution de l'AP-HM".