23, 25 ou 30 euros… Combien va coûter votre consultation chez le généraliste ?

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G.S. avec AFP et Emmanuel Duteil
L'Assurance maladie entame mercredi une négociation avec les médecins libéraux pour une nouvelle convention quinquennale. 

La question de la rémunération des médecins revient sur la table d'opération. Les cinq syndicats représentatifs de la profession (CSMF, FMF et SML pour les spécialistes et généralistes, MG France pour les généralistes et le Bloc pour les chirurgiens) ont rendez-vous mercredi au siège de la Caisse nationale d'Assurance maladie à Paris (CNAM),  avec Nicolas Revel, son dirigeant. La convention qui fixe les règles de rémunération des médecins arrive à échéance en septembre et il s'agit d'en trouver une autre, pour cinq ans. Principale piste en débat : une hausse des tarifs des consultations.

Vers une hausse à 25 ou 30 euros ? La négociation s'annonce ardue. Les syndicats, déjà échaudés par l'instauration du tiers payant, ont élaboré une feuille de route commune, même s'ils ne sont pas d'accord sur les montants. L'Assurance maladie, quant à elle, doit éviter une fronde tout en économisant plus de 3 milliards d'euros par an d'ici à la fin du quinquennat.

Pour les médecins, seule une hausse significative du tarif de base de consultation remboursable  par la Sécurité sociale leur permettra une rémunération qu'ils estiment décente. "Chacun va mettre l'accent sur ses priorités", a expliqué Claude Leicher, le président du principal syndicat de généralistes, MG France. Mais tout le monde n'a pas franchement les mêmes. MG France, pour sa part, fait campagne pour une consultation chez une généraliste à 25 euros. Un montant égal à celui déjà en vigueur chez les spécialistes. Mais d'autres vont bien plus loin : la CSMF, elle, exige une consultation de 30 euros minimum pour tous les praticiens. Ce qui impliquerait probablement une forte hausse de la consultation chez un spécialiste, qui estiment qu'ils doivent être davantage rémunérés que le généraliste.

La consultation est déjà à 31 euros, selon la Cnam. L'Assurance maladie, pour sa part, a jusqu'ici fermé la porte à toute augmentation de tarif. Le seul "passage de 23 à 25 euros représenterait 550 millions d'euros par an" du surcoût pour la Sécurité sociale, a déjà prévenu Nicolas Revel, le patron de la Cnam. L'organisme public rappelle par ailleurs qu'une consultation d'un généraliste coûte déjà 31 euros en moyenne aux finances publiques, si l'on prend en compte les diverses rémunérations complémentaires versées pour le suivi des personnes âgées, le travail en équipe, les primes pour la prescription de génériques, le suivi des maladies chroniques et les autres objectifs de santé publique venues compléter le traditionnel paiement de l'acte médical en tant que tel.

 

Combien gagne un médecin généraliste ? Un médecin généraliste gagnait en moyenne 13.732 euros brut par mois en 2014, selon l'Assurance maladie. Ce n'est pas du net : avec ce revenu, il doit payer par exemple son local, son éventuel assistant, ses charges. Une fois tous les frais payés, il leur resterait environ 14 ou 15 euros par consultation sur les 31 euros en moyenne. Ce qui fait, du coup, un peu moins de 7.000 euros net par mois en moyenne.

Les syndicats, eux, balayent cet argument. Selon eux, ils gagnent tout juste autant qu'un coiffeur des quartiers chics de Paris. Ils réclament, en plus d'une hausse des tarifs, une meilleure protection sociale face à la maternité et à la maladie, ou encore des aides pour l'embauche de secrétaires. Il ne s'agit pas de "passer une commande au père Noël", selon Luc Duquesnel, le président de l'Unof (branche généraliste de la CSMF), mais de mettre les moyens pour favoriser le "virage ambulatoire" (transfert d'activités de l'hôpital vers la médecine libérale) prôné par le gouvernement. Tous réclament des revalorisations tenant compte de la complexité des actes, de leur longueur, de leur caractère urgent, etc.

La ministre veut multiplier les compensations. "La rémunération des médecins sera augmentée, la question est sous quelle forme, de quelle manière et à quel rythme", a quant à elle répété dimanche la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Elle souhaite poursuivre la diversification des compensations financières octroyées aux médecins en valorisant, par exemple, leur "implication dans la lutte contre le tabac" ou dans la vaccination. Les sommes allouées pourraient aussi être modulées en "fonction des zones d'installation", est-il précisé dans les orientations retenues par l'Assurance maladie. Largement insuffisant pour les syndicats, qui promettent une âpre bataille.