Vincent Peillon, le candidat perché

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1
Manuel Valls et Vincent Peillon présentent leur programme mardi matin. Les deux candidats se placent dans le sillage du quinquennat de François Hollande.

Figurez-vous que, par curiosité, j’ai tapé "Peillon" sur Google. Quatrième occurrence : "Peillon village perché des Alpes-Maritimes". Et bien ça colle, Vincent Peillon est le candidat perché de cette primaire. Un prétendant inattendu qui réécrit chaque jour le conte de sa candidature.

La France insomniaque. Vincent Peillon a commencé par nous expliquer que c’est devant sa télévision, le 1er décembre, en entendant François Hollande renoncer qu’il a décidé d’être candidat, comme ça, comme une évidence. Depuis quelques jours, il romance un peu plus cette histoire dans une version plus dramatique : il a pris sa décision au terme de trois jours d’insomnie provoqués par le renoncement du président. 72 heures sans sommeil, de turpitudes au bout desquelles Vincent Peillon fait soudain corps avec la France.

"C'est un dormeur qui ne trouve pas le sommeil, la France. Et qui se tourne un coup à gauche, un coup à droite, mais elle est toujours dans l'insomnie. Il faut que nous nous réveillions", a déclaré Vincent Peillon sur BFMTV. Ils ont destin lié la France et Vincent Peillon. Ce n’est pas Jeanne d’Arc qui entend des voix, mais il y a dans dans son récit un côté conte mystique pour enfant qui, disons-le, ne fait pas très sérieux.

Pénurie de soutiens. Vincent Peillon mise sur la rancœur des fidèles de François Hollande qui reprochent à Manuel Valls d’avoir poussé le président à renoncer. Mais pour l’instant, les résultats sont minces. Un mois après sa révélation, Vincent Peillon est bien seul ; Jean-Yves le Drian, Michel Sapin et les amis du président soutiennent Manuel Valls. Najat Vallaud-Belkacem soutient Manuel Valls. Ségolène Royal regarde vers Emmanuel Macron. Julien Dray, dit-on, le conseille mais a fait enlever son nom de l’organigramme de campagne. Le seul soutien très identifié de Vincent Peillon, c’est Anne Hidalgo, la maire de Paris qui lui a apporté son parrainage il y a un mois, avant de disparaître.

La loterie de la primaire. Et pourtant, Vincent Peillon a sa chance dans cette primaire. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est probablement dit, en voyant François Hollande renoncer. Il a écrit son programme entre la bûche et le réveillon, et pour l’instant son QG de campagne c’est la Peugeot 206 verte de son directeur de campagne. Mais dans les débats télévisés, le brillant esprit, bon orateur à la répartie tranchante, peut très bien faire un score. Ce n’est pas très glorieux, on est loin du "destin de cette France qui ne trouve pas le sommeil…", mais c’est ça la primaire, une sorte de loterie où 100% des gagnants ont tenté leur chance.