Un rapport sénatorial préconise d'armer les drones de l'armée française

Les drones militaires français ne sont actuellement pas armés.
Les drones militaires français ne sont actuellement pas armés. © DOMINIQUE FAGET / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Deux sénateurs estiment dans un rapport qu'il faut "ouvrir le débat" portant sur l'armement des drones de l'armée française. Ils souhaitent également une meilleure coopération en Europe.

Un rapport sénatorial estime que la France doit lever le tabou des drones armés pour accroître l'efficacité de ses forces armées sur le terrain, et combler ses lacunes dans les drones de surveillance.

"Il est temps d'ouvrir le débat" sur les drones armés. "De nombreux pays utilisent désormais des drones armés. (..) Dans notre pays, la décision a été prise, de manière implicite, de ne pas armer les drones (...) Il est temps d'ouvrir ce débat", estiment Cédric Perrin (LR) et Gilbert Roger (PS), co-présidents du groupe de travail qui a rédigé ce rapport d'information intitulé "Drones d'observation et drones armés : une révolution militaire".

Les États-Unis et Israël ont été précurseurs dans ce domaine, suivis du Royaume-Uni. En Europe, l'Italie a aussi obtenu en 2015 l'autorisation des États-Unis d'armer ses drones américains Reaper.

Prolifération des drones armes au Moyen-Orient. Au Moyen-Orient, "on assiste à une véritable prolifération des drones armés", qui seraient utilisés par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Turquie, poursuit le rapport. D'autres pays en sont équipés ou envisagent de le faire, de la Chine à l'Asie centrale. Selon leurs détracteurs, les drones armés "déshumanisent" la guerre, avec des pilotes qui agissent à distance, sans oublier les "assassinats ciblés", contestables d'un point de vue éthique et juridique.

Les rapporteurs mettent en avant la plus grande réactivité des drones armés. Les deux sénateurs relèvent que l'emport, sur ces drones, de missiles ou de bombes guidées, offre une plus grande réactivité dès lors qu'une cible est détectée. Le drone peut immédiatement intervenir, sans attendre l'arrivée d'un avion de chasse ou d'un hélicoptère. Du point de vue du droit, "les drones armés ne diffèrent pas des autres systèmes d'armes", avancent-ils également, en faisant le distinguo avec les robots tueurs du futur. Ils doivent respecter les mêmes règles d'engagement qu'avions, hélicoptères, voire artillerie.

"Le choix du tir toujours effectué par [des] opérateurs humains". "Le choix de la cible et du tir sont toujours effectués par un ou plusieurs opérateurs humains", insistent aussi les deux sénateurs qui réfutent toute idée de déshumanisation. En attendant le développement d'un drone MALE (Moyenne altitude, longue endurance) européen, la France pourrait armer ses Reaper achetés "sur étagère" aux États-Unis, dont cinq exemplaires sont actuellement déployés au Sahel.

Une progression du drone lente et inachevée en France. Plus largement, y compris dans le renseignement, la "montée en puissance des drones reste lente et inachevée dans les armées françaises", constate encore le rapport. Les deux sénateurs préconisent d'abord d'améliorer les capacités du Reaper livrés à la France, en le dotant de moyens de surveillance électromagnétiques et d'imagerie haute définition.

S'affranchir de la tutelle américaine. Les armées doivent aussi progressivement s'affranchir de la "tutelle" des États-Unis qui imposent une maintenance américaine sur les Reaper français et gardent un droit de regard sur toute nouvelle zone éventuelle de déploiement au-delà du Sahel.

Pour réduire cette dépendance, "il faut (impérativement) gagner le pari des drones européens" en développant un système MALE "réaliste en termes de coûts", insistent les parlementaires.