Sous la pression des normes et de l’incertitude budgétaire, les maires expriment leur ras-le-bol
Entre inflation normative, manque de moyens et doutes sur la future loi de décentralisation, les maires réunis en congrès tirent la sonnette d’alarme. Beaucoup dénoncent une perte de maîtrise et des règles toujours plus lourdes qui entravent leurs projets, jusqu’à décourager certains élus de se représenter.
Sébastien Lecornu vient avec une volonté "d'apaisement", ce jeudi 20 novembre pour cloturer le congrès des maires. Ces derniers s'alarment pour leurs finances, dans un contexte politique et budgétaire incertain, et doutent de l'aboutissement du projet de décentralisation cher au Premier ministre. Le locataire de Matignon et ancien maire de Vernon, dans l'Eure, doit présenter en décembre un projet de loi qui vise à simplifier et "renforcer le pouvoir local" en clarifiant les compétences entre l'État et les différentes collectivités.
Il s'agit non seulement de "décentraliser des compétences" mais aussi "des responsabilités, avec des moyens budgétaires et fiscaux, et des libertés, y compris normatives", selon Sébastien Lecornu. En effet, l'inquiétude est grandissante. "Quand on a un projet, on y réfléchit longuement en se demandant si on va respecter toutes les normes que l'on va m'imposer", s'interroge Alexandrina Le Guillou.
Cette question, elle se l'est posée à de nombreuses reprises avant d'acter la construction à venir d'une nouvelle mairie à Canteloup, commune de 200 habitants dans la Manche. "Ce qui m'inquiète, c'est de me dire que je n'ai pas cette maîtrise globale par rapport aux différentes normes qu'on peut nous imposer dans le cadre de ce type de construction", a déclaré la maire.
"On croule sous les normes"
Des réglementations à n'en plus finir et sans cesse renouveler, de quoi en décourager certains. "On croule sous les normes, on nous empêche de travailler, on nous pourrit la vie", a rapporté, de son côté, Jean-Pierre Sabraza, maire de Caignac-du-Cause dans le Lot depuis près de 50 ans.
Récemment, il a souhaité rénover un local technique dans la salle des fêtes de la commune. Malheureusement il a découvert un problème. "On vient de découvrir que ce local n'était pas aux normes parce qu'il fait 66 m³ et on ne doit pas dépasser 50 m³. On marche sur la tête. Un exemple type de la connerie humaine des gens qui nous gouvernent", a ajouté le maire de cette commune du Lot. Un exemple parmi tant d'autres explique-t-il, lui qui ne se représentera pas en mars prochain en partie à cause de cette inflation normative. Au total, ce sont 400.000 normes auxquelles sont confrontées les maires au quotidien.