"Sécurité globale" : feu vert du Sénat à un texte largement réécrit

Le Sénat a largement réécrit la loi de "sécurité globale", fortement critiquée.
Le Sénat a largement réécrit la loi de "sécurité globale", fortement critiquée. © AFP
  • Copié
avec AFP
Le Sénat à majorité de droite a adopté jeudi en première lecture la proposition de loi controversée sur la "sécurité globale", après l'avoir largement réécrite. Le nouvel article 24, extrêmement critiqué, crée un délit de "provocation à l'identification" des policiers. 

Le Sénat à majorité de droite a adopté jeudi en première lecture la proposition de loi LREM controversée sur la "sécurité globale", après l'avoir largement réécrite, avec notamment un nouvel article 24 qui crée un délit de "provocation à l'identification" des policiers. Renommée "pour un nouveau pacte de sécurité respectueux des libertés", elle a été votée par 238 voix pour et 98 contre.

"C'est un peu la signature du crime : vous êtes obligés d'écrire 'libertés' dans le titre tellement il est évident que cette loi leur porte atteinte", a lancé Pierre Laurent (CRCE à majorité communiste) à la majorité sénatoriale.

Réécriture de l'article 24

Députés et sénateurs vont tenter de s'accorder sur un texte commun. En cas d'échec, une nouvelle lecture sera organisée dans les deux chambres, le dernier mot revenant à l'Assemblée nationale. La principale nouveauté apportée par la chambre haute est la réécriture de l'article 24 qui doit protéger les forces de l'ordre en opération, mais a cristallisé les critiques, provoquant une levée de boucliers chez les journalistes.

La version des sénateurs ne fait plus référence à la loi de 1881 sur la liberté de la presse, mais vise à créer dans le code pénal un nouveau délit de "provocation à l'identification". Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a réaffirmé que le gouvernement faisait "confiance" au Parlement pour la rédaction, tant que le but recherché, à savoir la protection des policiers et gendarmes en opération, était préservé.

Recours facilité aux caméras piétons des policiers 

La chambre haute a voté le dispositif visant à faciliter le recours aux caméras piétons des policiers, mais après avoir supprimé la possibilité pour les forces de l'ordre de diffuser les images de leurs interventions dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Toujours sur le volet consacré aux images, le Sénat a resserré l'encadrement juridique du recours aux drones, pour tenir compte des observations de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Il a aussi prévu l'élaboration par le ministère de l'Intérieur d'une "doctrine d'emploi des drones".

Il a adopté par ailleurs sans modification la disposition visant à autoriser le port d'armes par les policiers hors service dans les lieux accueillant du public, malgré l'opposition d'élus de tous bords. Les sénateurs ont donné leur aval à l'élargissement, à titre expérimental pour cinq ans, des pouvoirs des agents de police municipale. Ils ont approuvé la création "historique" d'une police municipale à Paris. La proposition de loi prévoit encore un encadrement de la sécurité privée, assoupli sur plusieurs points par les sénateurs.