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Jacques Serais, édité par Laura Laplaud , modifié à
Avec 245 sièges à l'Assemblée nationale, la coalition Ensemble! portée par le président Emmanuel Macron va avoir du mal à mettre en œuvre le programme défendu pendant la campagne présidentielle. Avec des fortes oppositions à droite comme à gauche, les grandes réformes risquent d'avoir du plomb dans l'aile.

Emmanuel Macron réussira-t-il à gouverner une Assemblée nationale que l'on caractérise déjà d'"ingouvernable" ? Pourra-t-il faire passer les réformes défendues pendant l'élection présidentielle ? Rien n'est sûr puisque la confédération Ensemble! a obtenu 245 sièges aux élections législatives, ce qui est loin d'être suffisant pour avoir la majorité absolue. Ses grandes réformes pourraient ne pas voir le jour, à commencer par la plus emblématique des réformes promises par le chef de l'État : celle des retraites.

La réforme des retraites entrera-t-elle en vigueur ?

Il y a 17 jours, dans une interview à la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron l'assurait au futur simple : "La réforme des retraites entrera en vigueur à l'été 2023", expliquait-il. Le président aurait peut-être dû l'évoquer au conditionnel, comme le pense l'insoumis Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis. "La retraite à 65 ans a sombré grâce à ce résultat, grâce à ceux qui sont venus voter. C'est très concret et c'est une première dans la Ve République, le président est minoritaire à l'Assemblée nationale."

Sans majorité absolue et avec une majorité très relative, tout le projet d’Emmanuel Macron semble comme paralysé, figé. Le projet de loi sur le pouvoir d'achat, prévu pour cet été, ne semble plus autant d'actualité.

Ce n’est qu’un avant-goût

Le gouvernement prévoyait un chèque alimentaire, une ristourne ciblée sur les carburants sauf que l'on imagine déjà l’hémicycle divisé sur ce projet : pas assez ambitieux pour les députés de la Nupes, trop dépensier pour les Républicains et entre ces deux forces, des députés Ensemble! écartelés, sans majorité pour faire passer les textes.

Emmanuel Macron aura deux choix : soit il devra dissoudre à terme l’Assemblée, soit il parviendra à un accord avec les Républicains pour atteindre la majorité absolue, ce qui semble à ce stade impossible.

Pour ce quinquennat, Emmanuel Macron avait fixé des priorités comme la santé, l’éducation ou encore la transition écologique et d’autres questions encore plus sensibles comme la renationalisation d’EDF, sans parler d’éventuelles mesures d'état d’urgence sanitaire si jamais le Covid-19 devait revenir.

Élisabeth Borne sous le feu des critiques

En tant que cheffe de la majorité, Élisabeth Borne a une grande part de responsable dans ces résultats aux élections législatives. Peut-elle rester à Matignon ? Elle pourrait mais on voit mal comment tant la situation semble intenable. Car la seule solution pour le camp de la majorité présidentielle est d'essayer de composer avec la droite et le profil de la Première ministre, marqué à gauche, n'est aujourd'hui plus en adéquation.

D'autant qu'Élisabeth Borne est critiquée en interne : manque de leadership, manque d'empathie... Elle remettra sa démission et celle de son gouvernement dans les prochaines heures comme le veut la tradition républicaine après des élections législatives. Une démission de courtoisie.

Selon plusieurs proches du président de la République, elle devrait être renommée dans la foulée. La question qui se pose maintenant : pour combien de temps ? Hors micro, un ministre le concède : "Avec les résultats de dimanche soir, il n’est pas sûr du tout que Borne ait une longévité supérieure à Édith Cresson." Édith Cresson qui était restée 10 mois et 18 jours à Matignon.