Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap, est l'invitée du Grand Rendez-vous ce dimanche matin. 6:10
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Alors que le texte de la réforme des retraites sera présenté cette semaine à l'Assemblée nationale, le blocage des syndicats sur l'âge de départ légal à la retraite continue de faire débat. Pour Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap, le système actuel "cannibalise les économies" et "les syndicats n’ont pas compris l’urgence financière de la France".
INTERVIEW

Les débats sur l'âge de départ légal à la retraite continuent de faire rage. Si Laurent Berger, patron de la CFDT, s'est montré intransigeant sur son opposition à un départ à la retraite à 64 ans, d'autres alertent sur "l'urgence financière de la France". C'est le cas d'Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap et auteure de "Le vrai État de la France". Invitée du Grand Rendez-vous ce dimanche matin, elle a tenu à rappeler la nécessité d'une réforme des retraites, expliquant que le système actuel "cannibalise les économies".

 

Un équilibre financier à trouver

L'auteure alerte notamment sur l'équilibre financier du pays : "Combien va-t-il rester d'économies à la fin ? Est ce qu'e l'on va vraiment rééquilibrer le système de retraite ? Est ce que l'on va enrayer la baisse des pensions ? Nous, les actifs, qui sommes en train de cotiser en ce moment, si on ne fait rien, nous cotisons pour des pensions qui ne seront pas à 50 % du dernier salaire mais à terme à 40 30 % du dernier salaire. Est ce qu'on l'a compris ?", fustige-t-elle sur Europe 1.

En comparaison avec d'autres pays européens, qui ont des départs à la retraite à 65 ans ou même 67 ans, Agnès Verdier-Molinié plaide pour un recul significatif également en France, 64 ans n'étant ni suffisant, ni ce qu'avait promis Emmanuel Macron. "Pendant la campagne présidentielle, il avait clairement dit qu'on allait vers les 65 ans, que c'était acté. Et c'est ce pourquoi aussi les Français qui ont voté pour lui, ont voté", rappelle-t-elle.

"65 ans ou 64 ans : en réalité, ce n'est pas du tout la même chose. On nous dit c'est à peu près les mêmes montants d'économies si on additionne 64 ans et l'accélération de l'augmentation du nombre de trimestres qu'on appelle la réforme Touraine. Mais ça, c'est valable pour le court terme. Mais sur le moyen long terme, ce n'est pas du tout la même chose", ajoute la directrice de l'Ifrap.

 

Une retraite à 67 ans ?

Selon l’OCDE, l'âge théorique "normal" de départ à la retraite est effectivement supérieur chez nos voisins, puisqu’il est de 65 ans en Belgique et Espagne, de 65,5 ans en Allemagne, et entre 66,6 et 67 ans en Italie. 

"67, ça aurait été vraiment l'idéal, mais 65, on était d'accord pour dire que déjà, ça améliore les choses car à l'horizon 2050, ça fait un peu plus de 40 milliards d'euros d'économies et ça permet vraiment d'équilibrer le régime tandis que 64, ça s'essouffle très très vite, beaucoup trop vite", explique Agnès Verdier-Molinié, critiquant la position des syndicats.  "On a des syndicats qui ne sont pas accompagnateurs de réformes, parce qu'ils n'ont pas compris l'urgence financière pour la France", prévient-elle.