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Discours de François Bayrou : réforme des retraites, proportionnelle, immigration... Ce qu'il faut en retenir

Arthur de Laborde avec AFP - Mis à jour le . 11 min

C'est un premier test grandeur nature pour François Bayrou : un mois après sa nomination à Matignon, le Premier ministre a prononcé sa déclaration de politique générale à l'Assemblée ce mardi après-midi. Il a notamment annoncé remettre "en chantier" la réforme des retraites, et évoqué "une politique de contrôle" de l'immigration.

François Bayrou a abattu ses cartes mardi, dans sa déclaration de politique générale. Le Premier ministre était attendu sur la question du budget, mais aussi sur les retraites, qui ont fait l'objet d'intenses négociations avec la gauche afin de tenter d'éviter une censure. Voici ce qu'il faut retenir de la prise de parole du chef du gouvernement.

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Les principales informations

  • François Bayrou, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron le 13 décembre, a prononcé mardi son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale 
  • Lors d'une réunion mardi matin à Matignon avec les présidents de groupe du socle commun, François Bayrou a fait savoir qu'il n'y aurait ni "suspension", ni "abrogation" de la réforme des retraites.
  • Le PS ne va pas voter la motion de censure portée par LFI, les Écologistes et les communistes
  • "Tous les partis de gouvernement" ont "une responsabilité dans la situation" d'endettement de la France, affirme Bayrou
  • Bayrou propose la proportionnelle pour les élections législatives
  • "L'immigration est une question de proportion", affirme Bayrou qui veut "une politique de contrôle"

Le déremboursement des médicaments et des consultations médicales "ne sera pas repris"

Envisagée à l'automne par Michel Barnier puis abandonnée sous la pression du RN, "la mesure de déremboursement de certains médicaments et de consultations" médicales "ne sera pas reprise", a annoncé mardi le Premier ministre François Bayrou.

A rebours de ces pistes d'économies, "le gouvernement proposera une hausse notable" des dépenses de santé afin "d'améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles", a affirmé François Bayrou, confirmant au passage "le remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025", promesse formulée par Emmanuel Macron il y a bientôt deux ans.

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Fin de vie : Bayrou renvoie au "pouvoir d'initiative" du Parlement

Le Premier ministre a très brièvement évoqué la fin de vie pour renvoyer au "pouvoir d'initiative" du Parlement sur de tels "sujets importants dans notre société".

Jugeant qu'une "promesse de la Ve République" est de "concilier la capacité d'action de l'Etat et le pluralisme" et que "cette capacité d'action de l'Etat passe par une coopération entre les pouvoirs", le chef du gouvernement a déclaré que "le Parlement a de ce point de vue des prérogatives qui doivent être pleinement respectées".

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La santé mentale, grande cause nationale, confirme Bayrou

Comme son prédécesseur Michel Barnier, François Bayrou place la santé mentale des Français comme la grande cause nationale en 2025. Concernant les questions de santé, il a partagé sa volonté de parvenir au "remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025".

Bayrou favorable à "une concertation sur le travail et les salaires"

Pour François Bayrou, "le travail doit trouver toute sa place dans notre société". C'est en ce sens que le Premier ministre a confié son souhait d'ouvrir "une concertation sur le travail et les salaires" qui évoquera "la qualité de vie au travail,  sa rémunération et son sens".

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Agriculture : Bayrou veut "remettre en question" normes et contrôles

Le Premier ministre François Bayrou a mené mardi une charge contre les contrôles et les normes environnementales auxquels les agriculteurs sont soumis, allant jusqu'à qualifier de "faute" les inspections "avec une arme" de l'Office français de la biodiversité.

"Je m'engage (...) à ce que nous remettions en question les pyramides de normes en donnant l'initiative aux usagers. Ceux que l'on contrôle doivent avoir leur mot à dire sur les contrôles", a-t-il déclaré dans son discours de politique générale au lendemain d'une rencontre avec les principaux syndicats agricoles, remontés après un an de mobilisation.

Nouvelle-Calédonie : les forces politiques invitées en janvier à ouvrir des "négociations" à Paris

François Bayrou a annoncé mardi qu'il inviterait en janvier "les forces politiques" de Nouvelle-Calédonie à ouvrir des négociations à Paris "qui devront aboutir à la fin de ce trimestre".

L'adoption par l'Assemblée nationale d'une réforme très controversée du corps électoral calédonien avait déclenché des émeutes massives en mai, qui "ont plongé ce territoire dans un profond marasme", a rappelé le Premier ministre, souhaitant la reprise du "processus politique" sous la houlette du ministre des Outre-mer Manuel Valls.

"Parcoursup est une question"

"Parcoursup est une question", a déclaré mardi le Premier ministre, François Bayrou, en estimant nécessaire d'"ouvrir les portes" et d'"inventer la période de l'année d'articulation entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur".

"Vouloir sélectionner précocement, sans qu'aient mûri l'esprit et les attentes, je pense que c'est une erreur, en tout cas une faiblesse", a estimé devant l'Assemblée nationale le chef du gouvernement, critiquant en creux la plateforme post-bac d'orientation lancée en 2018.

Une "politique de contrôle" de l'immigration

Évoquant "les craintes que suscite l'immigration", François Bayrou a estimé que ce sujet était "une question de proportion". Le gouvernement se doit de "conduire une politique de contrôle, de régulation et de renvoi dans leur pays de ceux dont la présence met en péril la cohésion de la nation", a-t-il ajouté. Le Premier ministre a mis en exergue les "93% d'OQTF" non-exécutées en France.

Bayrou veut "reprendre l'étude des cahiers de doléances" rédigés après le mouvement des "gilets jaunes"

François Bayrou a souhaité mardi "reprendre l'étude des cahiers de doléances" rédigés à l'issue des débats qui avaient suivi les manifestations des "gilets jaunes", un mouvement "négligé" selon lui.

Les "gilets jaunes" ont "dénoncé l'état qu'ils ressentaient de notre société", "la division du pays entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas", mais "la promesse française suppose que nous puissions abattre le mur qui existe entre les uns et les autres", a affirmé le Premier ministre. "C'est la raison pour laquelle nous devrons reprendre l'étude des cahiers de doléances", afin que "s'expriment dans notre société (...) les attentes souvent les plus inexprimées, qui sont celles des milieux sociaux exclus du pouvoir".

"Une évolution constitutionnelle" pour la Corse pour "fin 2025"

Le Premier ministre François Bayrou a promis de "respecter" le calendrier "pour aboutir à une évolution constitutionnelle fin 2025" pour la Corse.

Le processus dit de Beauvau, visant à accorder davantage d'autonomie à la Corse, avait été initié en 2022 par Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, à la demande d'Emmanuel Macron. Mais la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 a mis brutalement un terme aux discussions, laissant de nombreux élus corses craindre l'abandon du projet.

"La réforme de l'audiovisuel public devra être conduite à son terme"

La réforme de l'audiovisuel public "devra être conduite à son terme", a déclaré François Bayrou mardi à l'Assemblée nationale.

"La réforme de l'audiovisuel public, bien commun des Français, devra être conduite à son terme", a déclaré le Premier ministre. Une proposition de loi prévoyant la création d'un holding, France Médias, composée de quatre filiales, France Télévisions, Radio France, France Médias Monde ainsi que l'Institut national de l'audiovisuel, aurait dû être examinée en décembre, avant la chute du gouvernement de Michel Barnier.

Législatives : Bayrou favorable à un mode de scrutin à la proportionnelle

Le chef du gouvernement "propose que nous avancions sur la réforme du mode de scrutin législatif", en y incorporant de la proportionnelle. "Le pluralisme suppose que chacun trouve une place au sein de la représentation nationale, à proportion des votes qu'il a reçus. C'est la seule règle qui permette à chacun d'être lui-même, sans s'engoncer dans des alliances insincères", a-t-il exposé.

François Bayrou a également remis sur la table l'idée du retour du cumul des mandats. La réforme du scrutin, "probablement", "nous obligera à reposer en même temps la question de l'exercice simultané d'une responsabilité locale et nationale", a ajouté le Premier ministre, suscitant la protestation de nombreux députés à gauche, plus de dix ans après la suppression du cumul des mandats lors de la présidence de François Hollande.

Bayrou relance l'idée d'une "banque de la démocratie"

François Bayrou a relancé mardi l'idée de créer une "banque de la démocratie" pour que les partis politiques puissent se financer auprès d'"organismes publics" et pas seulement privés.

Souhaitant que les partis "puissent se financer sans avoir besoin de passer par des stratégies de contournement", le Premier ministre a dit vouloir "la création d'une banque de la démocratie pour que le financement des partis politiques et des campagnes ne dépende plus de choix de banques privées, mais puisse éventuellement et en recours, être le fait d'organismes publics placés sous le contrôle du Parlement". "L'argent ne doit pas diriger les consciences et l'argent ne doit pas prendre le pas sur la libre volonté des citoyens", a-t-il fait valoir.

Création d'un fonds spécial "entièrement dédié à la réforme de l'État"

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé mardi la création d'un fonds spécial "entièrement dédié à la réforme de l'État", estimant que les "1.000 agences ou organes de l"Etat" actuels constituent "un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire".

Ce fonds sera financé par des actifs "en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique de façon à pouvoir investir, par exemple dans le déploiement de l'intelligence artificielle dans nos services publics", a-t-il déclaré.

La France vise un déficit plus élevé à 5,4% du PIB et une croissance moindre à 0,9% en 2025

La France vise un déficit public à hauteur de 5,4% de son PIB en 2025, supérieur à la projection du précédent gouvernement (5%), et abaisse sa prévision de croissance à 0,9% cette année contre 1,1% avant que Michel Barnier ne soit renversé, a annoncé mardi le nouveau Premier ministre François Bayrou.

"Les prévisions de croissance à la suite en particulier de la crise née du vote de la motion de censure (du gouvernement Barnier, ndlr) ont toutes été revues à la baisse", a-t-il dit. "Des économies importantes seront proposées pour la suite", a-t-il ajouté.

Bayrou remet la réforme des retraites "en chantier"

François Bayrou a souligné la nécessité de la réforme des retraites, estimant qu'elle était "vitale pour notre pays et notre modèle social". Le Premier ministre a décidé de remettre la réforme "en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref et dans des conditions transparentes, selon une méthode inédite et quelque peu radicale", a-t-il précisé.

Le chef du gouvernement a assuré qu'il n'y aurait "aucun tabou, même pas l'âge de départ" fixé à 64 ans dans la réforme votée en 2023. Il réunira les partenaires sociaux "dès vendredi". François Bayrou avertit toutefois : si les partenaires sociaux "ne s'accordent pas", c'est "la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer".

"Il faut nous ressaisir pour adopter sans tarder" les projets de budget de l'Etat et de la Sécurité sociale

"Il faut nous ressaisir pour adopter sans tarder les deux budgets de l'État et de la Sécurité sociale", tombés avec la censure le 4 décembre du gouvernement précédent, a affirmé François Bayrou.

"Cette précarité budgétaire, nous la payons tous au prix fort, entreprises, investisseurs, familles, contribuables, emprunteurs", a souligné le Premier ministre, en invitant aussi les forces politiques à "mettre en place les conditions de la stabilité qui impose de se réconcilier, ce dont le pays a tant besoin et que ses citoyens ne cessent de réclamer".

Le PS ne prévoit pas de voter la motion de censure

Selon une information qu'Europe 1 peut confirmer, le Parti socialiste ne prévoit pas de voter la motion de censure, portée par les Insoumis, Écologistes et communistes. La ligne d’Olivier Faure serait la suivante : "pas de censure mais pas de blanc seing", affirme une source à Europe 1.

La France exige la libération des otages français, notamment ceux du Hamas

Après avoir rendu hommage à l'armée française et aux militaires, le Premier ministre a évoqué le sort des otages retenus par le Hamas, ainsi que tous les autres otages français, "dont nous exigeons la libération".

"Je suis un néophyte" : quand François Bayrou perd le fil de son discours au perchoir

"Tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité dans la situation" de la France

Evoquant la dette, les différentes crises, et "une descente que rien ne semble pouvoir arrêter" dès 2000, François Bayrou estime que "tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité dans la situation créée ces dernières décennies" concernant l'endettement du pays.

"Cette dette est une épée de Damoclès au dessus de notre pays et de notre modèle social", a ajouté le Premier ministre, en accusant "tous les partis d'opposition" de demander "sans cesse des dépenses supplémentaires", ce qui produit un "tango fatal qui nous a conduits au bord du précipice".

"Retrouver la stabilité"

"L'injonction que le pays nous assigne", c'est "retrouver la stabilité", a déclaré mardi François Bayrou dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, qui avait censuré son prédécesseur au bout de seulement trois mois. "Tous les Français en ont besoin. Ils comprennent bien que nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais ils nous enjoignent, je le crois, de joindre nos forces pour forcer les issues".

"Cette situation (politique instable) est un atout", selon François Bayrou

Conscient de la difficulté politique à laquelle est confronté son gouvernement, François Bayrou affirme que cette situation est "un atout". "Quand tout va bien, on s'endort sur ses lauriers, et quand tout parait aller mal, on est contraint au courage", a-t-il déclaré.

Pas de suspension, ni d'abrogation de la réforme des retraites

Il n'y aura "ni suspension ni abrogation" de la réforme des retraites mais une renégociation pendant trois mois environ, soit avant un nouveau changement de classe d'âge pour le départ à la retraite, a dit François Bayrou lors d'une réunion mercredi matin à Matignon, selon plusieurs participants, quelques heures avant sa prise de parole devant les députés.

"Le date butoir pour obtenir un changement (de classe d'âge) c'était septembre, donc il faut que les partenaires sociaux aient terminé leurs travaux avant", soit "avant l'été" pour rendre "effectives" leurs conclusions, et dans ce cas "la suspension n'est plus nécessaire", a détaillé un des participants. Le Premier ministre a réuni mercredi matin à Matignon plusieurs représentants de groupes parlementaires soutenant son gouvernement.