Référendum Nouvelle-Calédonie 1:40
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avec AFP , modifié à
Le taux de participation au référendum sur l'indépendance en Nouvelle-Calédonie, petit territoire français du Pacifique, s'élevait à 41,60% à 17h (7h à Paris), selon le Haut-commissariat, en très forte baisse par rapport aux deux précédents référendums, conséquence de l'appel à bouder le scrutin des indépendantistes.

Les 307 bureaux de vote ont ouvert ce dimanche à 7h pour un troisième référendum d’autodétermination, après ceux du 4 octobre 2020 et du 4 novembre 2018, qui ont vu le "Non" à l’indépendance l’emporter à 56,7%, et 53,3%. Lors de ces deux précédents référendums, la participation à la mi-journée était nettement plus importante, elle s'établissait à 41,81 % pour la première consultation en 2018, et à 49,40 % en 2020. 

Difficulté à mobiliser

Sur les 2.218 habitants de la commune de Thio, qui se situe sur la côte est de la Grande île, les quatre bureaux de vote n'avaient vu passer à 14h que 84 votants, et pour les deux bureaux situés dans les tribus kanak, deux et quatre votants. "Je pense que le dépouillement ira vite", commente le responsable des bureaux de vote de la mairie qui, dit-il à l'AFP, a réussi, non sans mal, à mobiliser des assesseurs pour tous les bureaux.

A Nouméa, les bureaux de vote connaissaient une affluence disparate: pas un chat dans les quartiers populaires kanak, mais des files d'attente dans les autres. A 11h, dans un bureau décentralisé de l'île des Pins à la Vallée du Tir, majoritairement kanak et indépendantiste, 21 électeurs sur les 178 inscrits s'étaient présentés, selon la présidente Laura Vendégou. Au bureau de vote de Candide-Koch, dans le quartier mixte de la vallée des colons, des électeurs faisaient par contre la queue, sous une chaleur accablante.

Pour Cathy, libraire à Nouméa, "ce référendum n'a pas trop de sens car la moitié de la population a décidé de ne pas voter. Je suis venue par civisme, ce qui m'intéresse c'est la société qu'on va construire après", a-t-elle indiqué à l'AFP.

 

Deuil kanak

Les indépendantistes ont en effet annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" alors que l'archipel est touché depuis septembre par une épidémie de Covid. Le président du Sénat coutumier, Yvon Kona, a lancé un "appel au calme" jeudi tout en demandant "aux citoyens kanak et aux progressistes calédoniens d'observer une journée nationale de 'deuil kanak' le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote".

Des moyens exceptionnels - 2.000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés, et des moyens aériens - sont sur le terrain "pour bleuir le territoire" selon les termes du haut-commissaire de la République. Le Haut-commissariat a indiqué en fin de matinée que "les opérations électorales se déroulaient sans incidents".

Une "vie ensemble" 

"Pour nous, c'est un jour normal. On ne comprend pas ce déploiement de forces de police et de militaires alors qu'il ne se passe rien(...) on dirait qu'il y a la guerre", déclarent à l'AFP des jeunes à Montravel, cité populaire kanak au Nord de Nouméa, assis sous un flamboyant en fleurs, et qui se disent plus préoccupés par l'alerte pré-cyclonique déclarée dimanche matin que par le scrutin. "On dirait Montravel au moment des évènements" des années 1980, déclare Irène, responsable d'association, qui vient d'aller mettre son bulletin de vote dans l'urne.

Ce référendum s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanak, peuple premier, et les Caldoches, d'origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts). Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", a ainsi assuré jeudi le président Emmanuel Macron.