Quand l'Elysée mettait le nez dans les archives de Sarkozy

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TÉLÉ - Un documentaire de Spécial Investigation, déprogrammé puis reprogrammé par Canal+, déterre une affaire gênante pour François Hollande.

C'est un documentaire qui a bien failli ne jamais être diffusé. Hollande/Sarkozy : guerre secrète, une enquête du magazine Spécial Investigation sur le duel que le livrent en coulisses l'actuel chef de l'Etat et son prédécesseur, avait été déprogrammé par la direction de Canal+. D'aucuns y ont aussitôt vu la main du nouvel actionnaire de la chaîne, Vincent Bolloré, qui a déjà censuré une enquête dérangeante pour le Crédit mutuel. Le documentaire sur Hollande et Sarkozy, qui devait initialement passer le 28 septembre, a finalement été reprogrammé pour lundi prochain, à 22h45, sans plus d'explications.

Témoignage gênant. Qu'y a-t-il de si sensible dans cette enquête des journalistes Eric Mandonnet et Jules Giraudat ? Un homme, d'abord, Bernard Muenkel. Cet ancien chef du service informatique de l'Elysée raconte face caméra l'étrange ordre qu'il a reçu en avril 2013 du colonel Eric Bio-Farina, le commandant militaire du Palais. A la suite d'une demande des juges qui enquêtent sur l'arbitrage Tapie, il lui est demandé de fouiller les ordinateurs et les serveurs de la présidence de la République pour trouver des informations sur certaines personnalités. Une liste de noms lui est fournie. Bernard Tapie y figure, mais aussi Christine Lagarde, Claude Guéant ou encore Jean-Louis Borloo…

L'affaire n'est pas nouvelle. En octobre 2013, elle avait conduit le magazine Valeurs actuelles à faire ses gros titres sur un mystérieux "cabinet noir" de l'Elysée qui serait chargé de nuire à Nicolas Sarkozy. A noter que l'homme par qui le scandale est arrivé, Bernard Muenkel, avait été recruté à l'Elysée sous le mandat de ce dernier. Maintenu par François Hollande en 2012, il a cependant été écarté après ces révélations compromettantes.

L'Elysée dans l'illégalité ? L'équipe d'un président de la République n'a en effet pas le droit de consulter au débotté les archives de son prédécesseur. "Si François Hollande veut avoir accès aux archives de Nicolas Sarkozy, il doit faire une demande de consultation, comme tout le monde", rappelle dans le documentaire Jean-Charles Bédague, conservateur en chef aux Archives nationales. Pourtant, l'Elysée s'est toujours défendu d'avoir agi illégalement. En juin 2014, le Palais affirmait dans un communiqué avoir simplement transmis aux juges "les seuls éléments d'information requis qui se trouvaient disponibles dans les services de l'Elysée".

>> EXTRAIT - Le témoignage de Bernard Muenkel, ancien chef du service informatique de l'Elysée :

 

Le troublant photographe de Sarkozy

S'il jette le trouble sur les méthodes de l'entourage de François Hollande, le documentaire de Spécial Investigation n'est pas tendre non plus avec Nicolas Sarkozy. Il se penche notamment sur le rôle obscur de Sébastien Valente, photographe officiel du patron des Républicains, dont le nom revient avec insistance lorsqu'il s'agit de la vie privée de François Hollande. Le Canard enchaîné affirmait ainsi en novembre 2014 que la photo volée montrant le chef de l'Etat attablé avec Julie Gayet dans les jardins de l'Elysée avait transité par l'agence de Sébastien Valente. Le photographe aurait aussi "planqué" pour photographier les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui ont publié de nombreuses révélations sur les affaires judiciaires dans lesquelles Sarkozy est cité. Interrogé par Spécial Investigation, Sébastien Valente dément tout lien entre ces "scoops" et sa proximité avec l'ancien chef de l'Etat. "C'est n'importe quoi", balaie-t-il.

>> Spécial Investigation, "Hollande/Sarkozy : guerre secrète", lundi à 22h35 sur Canal+