Primaire LR : qui est dans le vrai avec les économies sur les fonctionnaires ?

L'Institut Montaigne a chiffré les propositions des candidats en matière de suppressions d'emploi public.
L'Institut Montaigne a chiffré les propositions des candidats en matière de suppressions d'emploi public. © PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
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Olivier Samain et M.B.
L'Institut Montaigne a chiffré les économies qui pourraient être réalisées par les candidats à la primaire de la droite s'ils mettaient effectivement en oeuvre les suppressions de postes de fonctionnaires promises.

À 18 jours du premier tour de la primaire de la droite, qui se tiendra le 20 novembre, les candidats ont eu le temps de soumettre toutes leurs propositions. Parmi celles-ci, l'Institut Montaigne, en partenariat avec Europe 1, Les Echos et TF1, s'est intéressé aux suppressions de postes de fonctionnaires et aux économies que cela pourrait permettre de faire.

Entre 200.000 et 500.000 suppressions de postes. Certains candidats y vont de fait très fort, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon et Bruno Le Maire. Tous trois promettent 500.000 emplois publics de moins en cinq ans. D'autres sont un peu plus mesurés : Alain Juppé et Nicolas Sarkozy placent ainsi le curseur à 300.000 postes supprimés. Jean-François Copé limite la coupe à 200.000 tandis que Jean-Frédéric Poisson, lui, dit vouloir réduire les missions non-régaliennes de l'État mais n'avance aucun chiffre.

Des candidats trop optimistes. Combien ces purges pourraient-elles rapporter ? Selon l'Institut Montaigne, quatre candidats pèchent par optimisme. Quand NKM annonce 25 milliards d'euros gagnés sur la dépense publique, le think tank n'en voit, lui, "que" 16 milliards. Jean-François Copé ne vise pas beaucoup plus juste, avec 12 milliards d'euros d'économies promis contre seulement 6 réalisables. Alain Juppé et Bruno Le Maire, eux aussi, se montrent un peu trop gourmands. Le maire de Bordeaux espère économiser 10 milliards mais l'Institut Montaigne n'en prévoit que 7,7, tandis que Bruno Le Maire compte sur 17 milliards d'euros gagnés au lieu de 12 selon le think tank. François Fillon, lui, est plus tranquille, car il s'est gardé d'avancer un chiffre. Enfin, Nicolas Sarkozy se distingue car il est le seul à faire une estimation en deçà de celle de l'Institut : 7 milliards d'économies au lieu de 8,4 milliards.

Des coupes difficiles à mettre en oeuvre. Surtout, l'Institut Montaigne émet des doutes sur la faisabilité même de ces coupes claires. De fait, 500.000 suppressions d'emplois publics en cinq ans revient à 100.000 par an. Or, cela correspond justement au nombre de départs à la retraites attendus en moyenne dans la fonction publique au cours des cinq années à venir. François Fillon, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet comptent donc ne remplacer aucun départ à la retraite pendant tout leur quinquennat, ce qui semble pour le moins difficile à mettre en oeuvre.

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, eux, n'en remplaceraient qu'un sur trois. Leurs coupes ne s'appliquent en effet pas à tous les fonctionnaires, puisqu'il est prévu, dans leurs programmes, de "sanctuariser" certains secteurs, comme la police et la Défense. Reste que ce taux de non-remplacement est déjà compliqué à atteindre, surtout lorsqu'on se souvient qu'entre 2008 et 2012, la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux avait montré ses limites.

D'autres opérateurs à payer. Enfin, l'Institut Montaigne rappelle que les économies anticipées doivent être minorées. Car si des postes de fonctionnaires sont supprimés, le travail effectué par ces agents ne disparaîtra pas pour autant. Même si quelques gains de productivité peuvent être réalisés, le think tank estime que beaucoup de travail devra être confié à d'autres entités publiques ou au secteur privé. Qu'il faudra évidemment payer ces opérateurs ou ces entreprises. Et que les économies espérées pourraient donc ne pas être au rendez-vous.