Pourquoi Hollande parle des frappes françaises en Syrie

© ALAIN JOCARD / AFP
  • Copié
Antonin André et B.B , modifié à
Si le chef de l’Etat a évoqué publiquement les frappes en Syrie, c’est pour se replacer au centre du jeu.

Si le sujet n’était pas aussi sérieux, on pourrait appeler cela "assurer le service après-vente". Lors du sommet de l'ONU aux Etats-Unis, François Hollande a expliqué à la presse l'objectif des frappes qui ont été menées en Syrie et qui ont été révélées dimanche matin. "Nos forces ont atteint leurs objectifs" et "d'autres frappes pourront avoir lieu si nécessaire", a assuré le président français. Des déclarations évidemment programmées et planifiées

"Avec les frappes, on est des cogneurs".Si la France frappe en Syrie quelques heures avant l’ouverture de l’assemblée générale, c’est pour être à nouveau audible. Un diplomate de très haut rang l’admet dans les couloirs de l’ONU : "avec les frappes, on est des cogneurs. Cela donne une légitimité pour négocier". Une attitude qui s’explique : depuis quelques jours, la France est en décalage avec  ses alliés qui ne font plus du départ de Bachar al-Assad un impératif, à l’image de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne ou de la Turquie.

obama

Obama et Poutine vont se parler, Hollande à l’écart. La priorité pour les occidentaux est désormais de décupler l’action militaire contre Daech, quitte à composer avec le régime de Damas. Mais François Hollande ne veut toujours pas en entendre parler, ce qu’il a répété dimanche matin. Résultat : la Russie s’impose comme l’acteur décisif intermédiaire entre le dictateur syrien et les occidentaux. Pas pour rien que Vladimir Poutine et Barack Obama ont accepté de se parler en marge du sommet de l'ONU. La France, elle, est marginalisée. François Hollande ne verra ni le président américain ni le président russe.

Les acrobaties diplomatiques françaises. Un diplomate constate : "la France parle avec les Iraniens, les Turcs, l’opposition syrienne, la Russie… avec tout le monde mais pas avec Bachar Al Assad". La seule petite nuance à cette attitude de principe de la France, aussi ubuesque qu’homéopathique, est de dire que le dictateur peut rester en Syrie - "là où il est", appuie un diplomate - mais sans pouvoir. Dit autrement, la France veut bien qu’Assad fasse tapisserie et ne parle plus de le juger pour qu’il réponde de ses crimes. Une petite acrobatie pour éviter d’avoir à se renier totalement.