Najat Vallaud Belkacem 3:41
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Alexis Patri , modifié à
L'ancienne ministre de l'Éducation nationale et actuelle directrice générale de l'ONG One France publie "Objectif 2030 : un monde sans extrême pauvreté". Invitée de l'émission d'Anne Roumanoff "Ça fait du bien", elle explique être récemment retombée sur des échanges avec François Hollande, alors président de la République, où elle l'avertissait du fait qu'Emmanuel Macron risquait de le trahir.
INTERVIEW

Elle n'a pas vraiment une haute estime du comportement de son ancien collègue. L'ancienne ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a, selon ses dires, prévenu le président François Hollande dès 2014 qu'Emmanuel Macron risquait de le trahir. Invitée jeudi de l'émission d'Anne Roumanoff Ça fait du bien, l'actuelle directrice générale de l'ONG One France revient sur ses échanges avec l'ancien président de la République au sujet de celui qui était à l'époque un jeune ministre de l'Economie encore inconnu du grand public.

Interrogée sur la trajectoire express d'Emmanuel Macron, Najat Vallaud-Belkacem se souvient avoir alerté l'ancien président de la République. "J'ai récemment retrouvé des échanges que j'avais eu avec François Hollande. Je lui disais à l'époque que je sentais venir la trahison", explique-t-elle. "Je lui ai dit à plusieurs reprises."

"On oublie que la trahison est quelque chose de moche"

L'ancienne ministre de l'Éducation précise que la personnalité d'Emmanuel Macron lui a très vite inspiré la méfiance. "En 2014, quand il est devenu ministre de l'Économie et que je devenais ministre de l'Éducation nationale, j'ai assez vite perçu qu'on n'avait pas vraiment les mêmes valeurs, ni la même sincérité", tacle-t-elle. "Et donc que ça ne pouvait pas le faire."

Pour Najat Vallaud-Belkacem, le problème est plus large que la personne de l'actuel président. "Ce qui me frappe, c'est à quel point on oublie, dans notre débat public et dans notre commentaire public général, de dire que la trahison est quelque chose qui est moche", indique-t-elle, en s'excusant "de parler avec des mots simples". "Je ne trouve pas que la trahison soit admirable. Je ne trouve pas que ce soit une audace." Emmanuel Macron a démissionné de son poste de ministre de l'Économie en août 2016, avant de se déclarer candidat à la présidentielle quelques mois plus tard, en novembre. 

"Je ne peux pas dire que je suis loyale à ce qu'est devenu Gérard Collomb"

Loin d'être un passage obligé en politique, la trahison est selon Najat Vallaud-Belkacem un comportement nuisible à l'image de la classe politique. "Si on veut convaincre les Français de la sincérité de ses engagements, ce serait bien de commencer par porter cette sincérité dans son propre parcours", théorise-t-elle. "Ça pourrait être une nouvelle règle de la vie politique qui lui ferait vraiment beaucoup de bien."

Elle ajoute que ce rejet de la trahison en politique n'interdit pas que "des chemins puissent se séparer". Et prend exemple sur son propre parcours. "Il est évident que je ne peux pas vous dire que je suis loyale à ce qu'est devenu Gérard Collomb ces dernières années", illustre-t-elle, en référence à l'ancien maire socialiste de Lyon et ex-ministre de l'Intérieur d'Emmanuel Macron.