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Propos recueillis par Lionel Gougelot / Crédits photo : PATRICK KOVARIK / AFP , modifié à
Les hommages se multiplient au lendemain du décès de Jacques Delors. L'homme politique, ancien président de la Commission européenne et ministre sous François Mitterrand, avait aussi renoncé à se présenter à la présidentielle de 1995, alors qu'il était favori. Au micro d'Europe 1, l'écrivain Jacques Attali explique que Jacques Delors n'avait jamais envié le poste de chef d'État.

La mort de Jacques Delors, décédé mercredi à l'âge de 98 ans, a ému le continent tout entier. Au lendemain de sa disparition, les dirigeants européens rendent hommage à un grand bâtisseur, président de la Commission européenne et ancien ministre de François Mitterrand. Il restera aussi l'homme d'un coup de théâtre politique : en 1994, et alors qu'il est favori, il renonce à se présenter à l'élection présidentielle de l'année suivante. Une annonce que l'homme politique avait faite à la télévision, durant l'émission 7 sur 7, présentée par Anne Sinclair.

Jacques Delors n'avait jamais envié le poste de chef d'État, explique Jacques Attali, ancien conseiller spécial du président François Mitterrand, au micro d'Europe 1.

"Il avait le sentiment que les Français n'auraient pas voulu d'une politique de grandes réformes"

"J'en ai beaucoup parlé avec François Mitterrand, qui a résumé très bien : 'Ne vous faites pas d'illusion, Jacques Delors n'a aucune envie d'être élu président de la République, il a envie d'être nommé'. Jacques Delors avait beaucoup de mal avec le suffrage universel, car c'était d'abord un haut fonctionnaire et un serviteur de la République."

Face à Anne Sinclair, Jacques Delors avait assuré qu'il "n'aurait pas les moyens de mettre en œuvre sa politique". Selon Jacques Attali, cela s'explique par le fait qu'"il avait le sentiment que, comme toujours quand il avait été ministre, que les Français n'auraient pas voulu d'une politique de grandes réformes, d'une politique d'efforts qui était nécessaire. Malheureusement, Jacques Chirac ne l'a pas accomplie, ni dans son premier ni dans son deuxième mandat", analyse l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand.