G7, Reagan, Thatcher, Mitterrand 0:50
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Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Sur Europe 1 dimanche, Jacques Attali a raconté sa première expérience du sommet du G7 en 1981. Alors qu'il est conseiller spécial de François Mitterrand, il assiste aux réunions entre les plus grands leaders mondiaux. Entre sieste, maquillage et cartes postales, ces derniers ne sont pas tous aussi assidus qu'ils devraient l'être, se souvient-il dans un sourire.

L’écrivain et économiste Jacques Attali a été Conseiller spécial de François Mitterrand de 1981 à 1991, fonction qui lui a permis de solidifier ses liens amicaux avec l’ancien président, décédé en 1996. C’est aux côtés du leader socialiste qu’il a effectué ses premiers pas en politique et acquis une expérience dans l’arène diplomatique. Appréciant l’évolution des relations internationales depuis la fin de la Guerre Froide, Jacques Attali livrait dimanche au micro d’Europe 1 une anecdote insolite sur le premier sommet du G7, réunissant les dirigeants des plus grandes puissances mondiales, auquel il a participé en 1981.

"J'étais dans la salle, je vois encore autour de la table sept chefs d'État." François Mitterrand, fraîchement élu président de la République participe lui aussi à son premier sommet du G7, se déroulant en ce mois de juillet à Montebello au Canada. Face à lui, raconte Jacques Attali, le président américain Ronald Reagan prend la parole pour défendre sa vision de l’aide aux pays en développement : "Il explique que la meilleure façon d'aider les pays du Sud, c'est de leur donner les objets dont on n'a plus envie, plus l'usage." L’ancien acteur, chef de file du parti républicain, explique même qu’il a donné les tuyaux d'arrosage usagés de sa maison à des paysans guatémaltèques.

Léthargie

Ce plan un brin bancal du président américain pour remédier aux problèmes de développement du monde ne semble pas susciter une adhésion inconditionnelle de la part ses homologues. Mais outre leur manque d’entrain, c’est leur relative léthargie qui surprend le jeune conseiller diplomatique. En regardant un à un les leaders mondiaux, il constate : "Je vois madame Thatcher en train de se poudrer. Le Premier ministre japonais [Zenko Suzuki] dormant littéralement… ou en tout cas les yeux fermés et la bouche ouverte. Et Trudeau père [Pierre] en train d'arranger l'œillet à sa boutonnière."

François Mitterrand ne compte pas non plus parmi les bons élèves : "[Il était] en train de remplir des cartes postales", lâche Jacques Attali, mi-amusé, mi-désespéré. Ces premières expériences le confrontent aux lenteurs des négociations internationales et aux petites avancées, obtenues à force de conviction. "Ça m'a donné une idée assez précise de ce qu'est le café du commerce international", conclut-il dans un sourire.