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Alexis Patri , modifié à
L'économiste et haut fonctionnaire Jacques Attali est l'invité jeudi de "Ça fait du bien", pour son livre "Histoires des médias. Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et après". Interrogé sur la situation liée au Covid-19, il demande à ce qu'une allocation soit versée "immédiatement" aux étudiants, et qu'elle perdure après la fin de la crise sanitaire.
INTERVIEW

On dit qu'il a l'oreille des présidents. Beaucoup d'étudiants aimeraient qu'Emmanuel Macron écoute sa proposition. Invité jeudi de Ça fait du bien pour son livre Histoires des médias. Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et après, l'économiste et haut fonctionnaire Jacques Attali plaide en faveur d'une allocation versée aux étudiants. Il réclame qu'elle soit versée "immédiatement" à la jeunesse française, mise à mal par la crise sanitaire liée au Covid-19. Mais demande aussi à ce qu'elle perdure après la crise.

"Je suis contre le revenu universel"

"S'il y avait une priorité pour moi, c'est de donner une allocation aux étudiants. Parce que c'est un scandale que de ne pas les aider à continuer leurs études", explique ainsi Jacques Attali. Et il prend exemple, dans cette demande, sur d'autres pays d'Europe. "Je suis pour que l'on fasse comme les Danois et les Norvégiens, qui donnent aux étudiants l'équivalent de 1200 euros tout compris, en tenant compte de tout le reste."

Cette allocation n'est pas, selon Jacques Attali, une forme de revenu universel. "Je suis contre ce principe, parce que le revenu universel, c'est ce qui est donné sans contrepartie" distingue-t-il. "Or, là, il y a une contrepartie : c'est le travail. Étudier est un travail, c'est une vraie profession."

Le haut fonctionnaire aimerait que le gouvernement commence par verser 500 à 600 euros à chaque étudiant. "Déjà, ça serait déjà pas mal", estime-t-il.

"C'est de l'altruisme intéressé"

Ce système promu par Jacques Attali ne s'arrêterait pas avec la fin de la crise sanitaire. Il veut que cette allocation soit mise en place "tout le temps, durablement". Un choix qui se justifie selon lui d'un point de vue économique. "La pandémie nous le montre bien, si un étudiant, par exemple en médecine, n'a plus les moyens de vivre, il abandonne ses études. Et c'est un médecin qui va nous manquer dans dix ans", démontre-t-il. Il faudrait donc aider ce futur médecin à poursuivre ses études.

"Ceux qui aujourd'hui refusent de lui donner de quoi se nourrir, vivre, et continuer ses études se plaindront dans 10 ans qu'il n'y a pas assez de médecins", ajoute-t-il. Aider les étudiants aujourd'hui serait donc bénéfique à l'ensemble de la société sur le long terme. "C'est ce que j'appelle l'altruisme intéressé", indique Jacques Attali. "Nous avons intérêt à être altruiste."