Jérôme Fourquet, politologue et directeur de département à l’IFOP, était l'invité d'Europe Matin lundi. 5:12
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Laura Laplaud , modifié à
Invité d'Europe Matin lundi, Jérôme Fourquet, directeur de département à l’IFOP et auteur de "L'Archipel français, une nation multiple et divisée", est revenu sur le meurtre de Lola, 12 ans, tuée le 14 octobre dernier. Pour le politologue, cet acte dramatique montre que "la France a franchi des seuils en termes d'ensauvagement de la société".

Les obsèques de la petite Lola, tuée le 14 octobre dans des circonstances dramatiques, doivent débuter ce lundi à 14h30 à Lillers, dans le Pas-de-Calais. "C'est un événement supplémentaire qui nous montre que la France, progressivement, a franchi des seuils en termes d'ensauvagement de la société, que la violence s'est répandue un petit peu partout", observe Jérôme Fourquet, politologue, directeur de département à l’IFOP et auteur de L'Archipel français, une nation multiple et divisée aux éditions du Seuil.

"Les voyants sont au rouge"

Le meurtre de Lola a ému la France entière mais inquiète aussi une partie des Français comme l'a affirmé Jérôme Fourquet au micro d'Europe 1. "Quand on remet les éléments en perspective, on a l'impression qu'une partie des Français, attentifs ou sensibles à ces questions-là, éprouvent une inquiétude assez croissante." Un sentiment qui pourrait paraître normal puisque "quand les faits divers se répètent, on est face à un fait de société, a-t-il ajouté.

"Quand on est face à un fait divers qui marque autant l'opinion publique et qui présente un certain nombre de caractéristiques, compte tenu du profil de l'auteure présumée, on ne peut pas faire l'économie d'un débat politique. Il y a 20 ans, on parlait de sentiment d'insécurité, quand vous regardez les chiffres des refus d'obtempérer, des atteintes aux forces de l'ordre, des homicides, des tentatives d'homicide, les voyants sont au rouge", a-t-il déploré.

Pour le directeur du département "opinion et stratégies d’entreprise" de l'IFOP, nous n'avons pas assez analysé les résultats du second tour de l'élection présidentielle, révélateurs d’une montée en puissance tout aussi spectaculaire que continue de ce sentiment d'insécurité. "Quand Marine Le Pen a fait 41,5% des voix, ce qui est colossal, ce n'est pas sans lien, bien évidemment, avec le bruit de fond que j'ai essayé d'évoquer à l'instant", a-t-il souligné. Ces électeurs ont préféré le Rassemblement national à d'autres partis probablement en raison des mesures fortes sur l’immigration et la délinquance.

"La logique est imparable quand on dit que l'auteure présumée était en situation irrégulière [sur le territoire français] et n'aurait pas dû se trouver là, on peut habiller le dossier comme on veut, les faits sont têtus, comme disait Lénine", a-t-il conclu.