Municipales : la percée verte, un certain bouleversement politique

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Parfois allié à d'autres formations de gauche, Europe Écologie-Les Verts a remporté plusieurs grandes villes du pays lors du second tour des élections municipales, dimanche. Avec cette percée locale, les écologistes prennent davantage de poids sur le plan national. 
ANALYSE

Ils peuvent crier "victoire" : les écologistes ont réalisé dimanche une véritable percée verte à l'occasion du second tour des élections municipales. Le parti Europe Écologie-Les Verts, localement allié à d'autres partis de gauche, a fait basculer d'importantes mairies, comme celles de Bordeaux, Lyon voire Marseille (où les maires de secteur doivent encore voter), symboles de ces bons scores municipaux. Et alors qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe reçoivent lundi les 150 membres de la Convention citoyenne sur le climat, les écologistes savourent un poids politique qu'ils n'avaient encore jamais eu jusqu'à présent.

Tout a commencé un peu avant 20 heures. Comme un symbole, le maire sortant de Poitiers, Alain Claeys (PS), a reconnu sa défaite face à l'écologiste Léonore Moncond'huy, âgée de 30 ans. Une victoire suivie de plusieurs autres, certaines décrochées dans les principales villes de France : Marseille avec Michèle Rubirola, la ville de Lyon avec Grégory Doucet, la métropole de Lyon avec Bruno Bernard, Bordeaux avec Pierre Hurmic, Strasbourg avec Jeanne Barseghian… Et il s'en est fallu de peu pour que les écologistes prennent également la mairie de Lille, finalement conservée par Martine Aubry pour un cinquième mandat.

Des visages inconnues qui s'imposent 

"Ce qui est important, ce sont les grandes villes qui tombent dans les mains de personnalités inconnues du grand public", observe Laetitia Krupa, spécialiste de la communication politique et invité d'Europe 1 dimanche soir. "Vont émerger des nouveaux visages de cette force qui s'annonce, peut-être, comme un parti pivot pour la grande formation de gauche en train de naître."

L'écologie va s'imposer dans toutes les discussions futures

Europe Écologie-Les Verts revient pourtant de loin. "Ce parti était sorti exsangue après le quinquennat de François Hollande", rappelle l'experte. "Il était difficile de comprendre l'offre écologiste et qui l'incarnait au plan national." Le parti vit une sorte de mini-traversée du désert en 2017 et 2018, avant une première victoire au printemps 2019, aux européennes : les écologistes viennent perturber le duel entre La République en marche et le Rassemblement national, avec 13,48% des suffrages.

Le "ratage" de Macron, une chance pour 2022 ?

Ces victoires municipales engrangées un an plus tard représentent la deuxième pierre de l'émergence d'une troisième force face à LREM et au RN. "L'écologie va s'imposer dans toutes les discussions futures" dans les villes bientôt dirigées par une figure d'EELV, assure Laetitia Krupa. "Ce que tout le monde scrute, c'est la présidentielle dans deux ans. Olivier Faure (premier secrétaire du Parti socialiste, ndlr) a parlé d'un 'bloc social et écologiste' en train de naître."

Ce "bloc social et écologiste" voit-il le jour parce que l'exécutif actuel ne prend pas assez la mesure de l'urgence climatique ? "Le grand ratage d'Emmanuel Macron est qu'il ne s'est jamais positionné sur cette question écologiste. On l'a entendu, mais il n'a rien fait. La démission fracassante de Nicolas Hulot (à la rentrée 2018, ndlr) était un signe qu'il y avait un pilier qui manquait dans le quinquennat d'Emmanuel Macron." Les écologistes doivent désormais montrer leur capacité à diriger des exécutifs locaux en faisant la part belle à l'écologie, pilier de leur programme. Après les échelons européen municipal, il sera peut-être temps pour eux de s'intéresser au national.