Macron va recevoir son titre de chanoine de Latran : "Il ne rentre pas dans les ordres"

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Pour le père Laurent Stalla-Bourdillon, curé de Sainte-Clotilde et aumônier des parlementaires, ce titre symbolique salue d'abord la qualité des relations entre la France et le Vatican.
INTERVIEW

Emmanuel Macron est attendu mardi à Rome où il doit rencontrer le pape François, notamment pour recevoir son titre de chanoine honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, une tradition issue de l'ancien régime et qui remonte à Henri IV. De quoi, toutefois, nourrir de vifs débats dans un pays laïc comme la France. "Il ne rentre pas dans les ordres", balaye sur Europe 1 le père Laurent Stalla-Bourdillon, curé de Sainte-Clotilde à Paris et aumônier des parlementaires.

Une forme de "respect réciproque". "Il ne faut pas que de notre point de vue à nous, en France, l'on surjoue la signification de quelque chose qui reste un honneur accordé, qui est un signe de reconnaissance des relations qui existent entre le Saint-Siège et la France", explique-t-il. "Il faut reconnaître ça comme la gage du respect réciproque, de la considération réciproque, de la sollicitude que le Saint-Siège peut avoir pour le pays", développe encore le curé.

Mettre en avant l'importance de la spiritualité. Un honneur donc, mais que pourtant au moins trois chefs d'Etat français ont refusé de recevoir : Georges Pompidou, François Mitterrand et François Hollande. "On peut se demander à quoi sert un chanoine ? Un chanoine appartient à un chapitre, c'est à dire à un ensemble de chanoines. Dans la basilique du Latran, qui est la cathédrale de Rome, il y a d'autres chanoines. Ce sont bien sûr des religieux - le chanoine Macron sera un chanoine honorifique - mais la responsabilité de ce chapitre est de prier", rappelle l'ecclésiastique.

"Si finalement Emmanuel Macron consent à recevoir ce titre, c’est peut être pour honorer la signification de ce qu'est un chanoine ou un chapitre : c'est la place qu'il peut et qu'il sait devoir accorder à la vie spirituelle des citoyens", soutien le père Laurent Stalla-Bourdillon, tandis que le président avait estimé, lors d'un discours polémique au Collège des Bernardins, que le lien entre l'Eglise et l'Etat était "abîmé". Des paroles alors interprétées comme un pied de nez à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat. "Pour pouvoir séparer des choses, il faut qu'elles existent toutes les deux. Si la séparation signifie l'élimination, ça rend les choses compliquées et peut créer des tensions. Emmanuel Macron a une juste conscience de ce qu'est la nature humaine et de sa dimension spirituelle", conclut le curé.