Macron se considère comme une "aberration" pour le "système politique traditionnel"

Le président de la République a accordé un entretien à "La Nouvelle Revue française".
Le président de la République a accordé un entretien à "La Nouvelle Revue française". © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans "La Nouvelle Revue française", Emmanuel Macron estime être "l'émanation du goût du peuple français pour le romanesque". 

Emmanuel Macron se considère comme une "aberration" du point de vue du "système politique traditionnel", et "l'émanation du goût du peuple français pour le romanesque", dit-il dans un entretien à La Nouvelle Revue française dont Le Monde a publié des extraits vendredi.

"Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration", déclare le président de la République, "très lucide sur le fait que ce sont les Français et eux seuls qui l'ont 'fait' et non un parti politique".

Mai 68 : "ce fut un moment. Il est passé". "En réalité, je ne suis que l'émanation du goût du peuple français pour le romanesque: cela ne se résume pas en formules, mais c'est bien le cœur de l'aventure politique. En somme, on est toujours l'instrument de quelque chose qui vous dépasse", ajoute-t-il dans cet entretien consacré à son rapport à la littérature.

Réfutant par ailleurs toute comparaison entre les contestations actuelles et celles de Mai 68, le président de la République estime que "nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration", ajoute-t-il, avant d'évoquer un "postmodernisme mal digéré".

Il assume la "verticalité du pouvoir". Emmanuel Macron refuse par ailleurs la critique d'"autoritarisme" dans son exercice du pouvoir. Ainsi, le chef de l'État "assume totalement la 'verticalité' du pouvoir, qui croise l''horizontalité' de l'action politique". "Je hais l'exercice consistant à expliquer les leviers d'une décision : il y a un temps pour la délibération, un temps pour la décision, ils ne peuvent se confondre".

Pessimiste face au "nihilisme qui partout menace, et qui conduit au cynisme, à l'absence de tout désir et de toute ambition", il note : "Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c'est que l'histoire que nous vivons en Europe redevient tragique. L'Europe ne sera plus protégée comme elle l'a été depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l'abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s'invite." "Notre paysage familier est en train de changer profondément sous l'effet de phénomènes multiples, implacables, radicaux. Il y a beaucoup à réinventer", conclut-il.