Loi antiterroriste : Hamon, Mamère et Romagnan dénoncent un "coup violent porté à la cohésion nationale"

Le projet de loi antiterroriste est une "dérive" de l'État de droit selon les auteurs de la tribune.
Le projet de loi antiterroriste est une "dérive" de l'État de droit selon les auteurs de la tribune. © Michel Euler / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une tribune publiée dans Libération, vendredi, les trois anciens députés socialistes fustigent une "dérive" vis-à-vis de l'État de droit avec ce texte.

Benoît Hamon, Barbara Romagnan et Noël Mamère ont lancé vendredi un appel "contre la loi de sécurité intérieure", coupable selon eux d'instaurer une "dérive sécuritaire" et de distiller un "poison" dans la "cohésion nationale". "Si, dans tout système démocratique, la sécurité des citoyens est une exigence centrale, elle ne doit jamais se poursuivre au prix du reniement de nos valeurs fondamentales", écrivent le fondateur du Mouvement du 1er juillet, l'ancienne députée PS du Doubs, et l'ancien député écologiste de Gironde, dans une tribune parue vendredi dans Libération.

Défendre l'équilibre entre protéger et garantir les libertés. L'"équilibre, fragile et ténu, entre le devoir de protéger et la nécessité de garantir à tous la permanence de l'état de droit et des libertés fondamentales (...), il revient à tout citoyen de le défendre", poursuivent les signataires, appelant "ceux qui ne se sentiraient pas concernés parce qu'ils n'auraient rien à se reprocher" à ne pas "tourner la tête". Le projet de loi "renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme", qui sera voté en première lecture à l'Assemblée mardi, doit permettre selon l'exécutif "une sortie maîtrisée de l'état d'urgence".

"Se barricader" dans l'état d'urgence. Après avoir adopté le nouveau régime administratif d'assignations à résidence sans contrôle d'un juge a priori, l'Assemblée a adopté mercredi une autre mesure phare et controversée du texte, qui permet aux préfets d'ordonner des perquisitions, après un aval judiciaire. "Le gouvernement ne fait pas sortir la France de l'état d'urgence comme promis, il accepte de la voir s'y réfugier, s'y barricader. (…) Le texte entérine dans le droit commun le fait (...), sans contrôle d'un juge, de surveiller quelqu'un et de le punir sur la base de simples présomptions. Ce n'est pas seulement une dérive sécuritaire, c'est aussi un poison qu'on instille ainsi et qui vient porter un coup violent à notre cohésion nationale, déjà si fragile", regrettent les trois anciens élus.