Loi antiterroriste : débat houleux à l'Assemblée sur l'expulsion des étrangers fichés pour radicalisation

Les débats sont houleux à l'Assemblée nationale.
Les débats sont houleux à l'Assemblée nationale. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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"Islamo-gauchistes", "pagano-fascistes", "bisounours"… Les noms d'oiseaux ont volé à l'Assemblée nationale au moment d'évoquer la situation des étrangers fichés pour radicalisation.

Des amendements de la droite et du Front national pour expulser les étrangers fichés pour radicalisation ont envenimé les débats jeudi matin à l'Assemblée lors de l'examen du projet de loi antiterroriste, la majorité et La France insoumise y voyant "une sortie de l'État de droit". 

Attaques de la droite et du FN. Le débat est monté d'un ton quand la secrétaire d'État Jacqueline Gourault, en réponse à une question d'Éric Ciotti (LR), a indiqué que "15%" des 16 à 18.000 personnes inscrites sur le fichier de traitement des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) sont de nationalité étrangère. "Pourquoi ces personnes restent-elles sur le territoire français ?", s'est indignée Valérie Boyer (LR). "Leur expulsion est une évidence", pour l'UDI Mayer Habib, "une question de bon sens dans le contexte actuel" pour Éric Ciotti. Pour Sébastien Chenu (FN), il faut expulser ces étrangers "au nom du principe de précaution".

LREM et France insoumise d'accord. Jacqueline Gourault a appelé la droite et le FN "à ne pas tout mélanger", ce fichier "de renseignement" extrêmement large "étant constitué à partir d'un numéro vert" à l'attention des proches de personnes radicalisées ainsi que par les signalements des services de l'État (police, éducation nationale, hôpitaux…). "Vous proposez d'expulser quelqu'un sans jugement, c'est une logique folle, une victoire idéologique de Daech, on sort de l'État de droit", s'est indigné Eric Coquerel (LFI).

Même argumentation de Manuel Valls (apparenté LREM). "Dans les fichiers, ce sont des informations, pas des jugements, alors oui ce serait la République des suspects" si une telle disposition était votée, a-t-il estimé. "On ne peut pas être dans l'approximation dans la lutte contre le terrorisme. Cela mettrait en cause l'efficacité du travail des services de renseignement", a-t-il ajouté. "Un jour on entre dans un fichier, un autre jour on en sort", a fait remarquer Eric Bothorel (LREM).

Échanges houleux. Le FN Bruno Bilde s'en est alors pris aux "islamo-gauchistes de la France si soumise" et s'est fait traiter de "pagano-fasciste" en retour par Alexis Corbière (LFI). Sébastien Chenu a de son côté qualifié de "bisounours" le MoDem Erwann Balanant. Quant à la communauté de pensées entre les Insoumis et Manuel Valls, elle a été de courte durée. Alexis Corbière a reproché à l'ancien Premier ministre de "parler comme le FN quand il s'agit de taper sur La France insoumise dans les médias". En réponse, Manuel Valls s'en est pris aux "liens" entre La France insoumise et "ceux qui représentent un danger dans les quartiers".