L'Europe menacée de "dépeçage", "il y a le feu au lac", déplore Jean-Yves Le Drian

Jean-Yves Le Drian crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
Jean-Yves Le Drian a estimé vendredi que "l'Europe est devenue un véritable terrain de jeu pour des puissances qui veulent la déconstruire". © LUDOVIC MARIN / AFP
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avec AFP
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a estimé vendredi que "l'Europe est menacée de dépeçage, de déconstruction", évoquant aussi des "risques de délitement" à deux jours des élections européennes.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a estimé vendredi que l'Europe était "menacée de dépeçage, de déconstruction et de sortir de l'histoire".

"Je suis inquiet sur l'Europe, pas pour La République en marche [LREM, parti du président Emmanuel Macron], parce que l'Europe est menacée de dépeçage, de déconstruction. Elle est menacée de sortir de l'histoire", a-t-il déclaré sur la radio RTL, évoquant aussi des "risques de délitement".

Plusieurs puissantes étrangères qui essaieraient de "dépecer" l'Europe

"Oui il y a le feu au lac !", a-t-il martelé à deux jours des élections européennes dans la plupart des pays de l'UE (après les Pays-Bas et le Royaume-Uni jeudi, la République tchèque et l'Irlande vendredi). "L'Europe est devenue un véritable terrain de jeu pour des puissances qui veulent la déconstruire", a lancé le chef de la diplomatie française.

"Les États-Unis ne supportent pas d'avoir une organisation forte qui peut se lever et faire valoir ses propres intérêts devant la puissance américaine", a-t-il expliqué en référence notamment aux enjeux commerciaux. "Les Russes essaient par différents moyens de faire en sorte que l'Europe se délite et que le dépeçage commence par certains pays pour renforcer leur influence (..) La Chine, par des investissements divers et variés, essaie de désolidariser les pays entre eux", a-t-il poursuivi.

Une revanche de la présidentielle pour le RN 

Le ministre a également évoqué des "populismes qui, dans certains pays européens, essaient de contribuer à cette déconstruction". Jean-Yves Le Drian, qui a quitté le Parti socialiste sans rejoindre LREM et se dit "toujours de gauche", a égratigné par ailleurs ses anciens compagnons de route, tout comme l'extrême droite (Rassemblement national) de Marine Le Pen et la droite (Les Républicains).

"Le Rassemblement national a une seule perspective dans cette affaire, c'est d'essayer de jouer la revanche de l'élection présidentielle, ce n'est pas le sujet", a-t-il affirmé, en référence au duel du deuxième tour en 2017 entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Une bataille des gauches

"La droite, sa seule obsession, c'est de montrer qu'elle est encore vivante et la gauche, ou ce qu'il en reste (..), elle, fait un petit concours entre les différents scores médiocres pour savoir qui dans les scores médiocres aura le meilleur score, pour savoir qui demain sera le chef", a-t-il ajouté.  Les sondages, qui ont longtemps mis le Rassemblement national et LREM au coude-à-coude, placent désormais la liste d'extrême droite en tête, avec une avance allant de 0,5 à 2 points.