Jean-Christophe Lagarde 4:49
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Céline Brégand
Matignon réunit mercredi les chefs de partis pour envisager la question du report du second tour des municipales en juin. Le Conseil scientifique a émis des réserves, précisant que les meetings et les tractages seraient à proscrire si le scrutin devait avoir lieu. Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, estime qu'on ne peut faire campagne dans ces conditions.
INTERVIEW

Le second tour des élections municipales se tiendra-t-il en juin ? Une réunion des chefs de partis est organisée à Matignon mercredi en fin de journée pour envisager la question de ce report. Le Conseil scientifique s'est dit réservé sur la tenue d'un second tour à cette date-là, précisant que les meetings et les tractages seraient à proscrire à cause du coronavirus. "Je pense qu'il serait irresponsable sanitairement d'organiser des élections au mois de juin", martèle Jean-Christophe Lagarde sur Europe 1 mercredi.

"Une aberration démocratique"

"La question n'est pas le jour du vote - on s'est beaucoup concentré là-dessus après le premier tour - c'est la campagne électorale", appuie le président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) et député de Seine-Saint-Denis. "Comment voulez-vous, le Conseil scientifique le dit, faire une campagne électorale en interdisant la distribution de tracts, les réunions publiques, que les gens se rencontrent au moment où les cafés sont fermés ?", s'interroge-t-il. "C'est ridicule ! Ça n'a aucun sens ! On ne peut pas faire une campagne électorale dans ce sens là", estime Jean-Christophe Lagarde.

Le Conseil scientifique demande à ce que les règles de campagne soient modifiées en profondeur. "Ce ne serait pas la même campagne au premier et au deuxième tour donc je me demande comment, constitutionnellement, ce serait possible", ajoute-t-il.

Selon le chef de parti, cela constituerait "une aberration démocratique". "Il n'y a pas un candidat aujourd'hui qui présenterait le même programme puisque la situation a totalement changé, que ce soit la situation économique, la situation sociale, ou la situation des collectivités locales. On ferait comme si le premier tour et le deuxième tour étaient liés alors qu'en réalité, la situation a intégralement changé", fait-il remarquer. 

Regrouper les élections municipales avec les départementales et les régionales ?

Contrairement au premier tour, les partis devront officiellement trancher. Il n'est pas question pour l'exécutif de reproduire le scénario de mars et de porter seul la responsabilité de cette décision. Le gouvernement avait alors été critiqué pour avoir maintenu le premier tour 48 heures seulement avant la mise en place du confinement. Jean-Christophe Lagarde, qui a été maire de Drancy de 2001 à 2017, relate qu'au conseil municipal de Drancy, où il siège, "deux collègues sont décédés". "Ils sont tombés malades le 16 mars, le lendemain du premier tour. C'est pendant la campagne qu'ils avaient contracté le virus", affirme-t-il.

Quelles solutions peuvent alors être envisagées ? Le président de l'UDI préconise un regroupement des "élections municipales qui n'ont pas été acquises avec les élections départementales et régionales qui ont lieu en mars 2021". Voire de "recommencer un premier et un deuxième tour avec la nouvelle situation politique, économique et sociale sinon ça veut dire qu'on fait semblant". Pour le député, il est "beaucoup plus simple" que les équipes en place "soient prolongées d'un an ou de neuf mois" et qu'on puisse "faire des élections dignes de ce nom dans neuf mois, sereinement" afin que chaque citoyen "choisisse celui ou celle qui dirigera sa ville".