Le duel Macron-Mélenchon se déplace dans la rue

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Raquel Garrido (à g.) et Clémentine Autin (à dr.) ont accompagné Jean-Luc Mélenchon en tête de cortège. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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La France insoumise organise samedi une grande journée de mobilisation contre la politique du chef de l’Etat. L’occasion pour Emmanuel Macron de jauger le poids de son principal opposant. 

"Ce n'est pas la journée de Jean-Luc Mélenchon", a martelé ces dernières semaines le leader de La France insoumise au sujet de la journée de mobilisation de samedi. Pourtant, cette grande manifestation entre Bastille et Nation contre le "coup d’état social" du président de la République doit aussi conforter le statut de principal opposant à Emmanuel Macron du député des Bouches-du-Rhône. Plus la mobilisation sera forte, et plus Jean-Luc Mélenchon y gagnera en puissance. Et plus Emmanuel Macron devra faire avec.

Mélenchon veut une "déferlante"

Jean-Luc Mélenchon mise sur une "déferlante" dans les rues de Paris. Des dizaines de milliers de personnes sont attendues. "Il s'agit de faire une démonstration de force, presque physique, de repenser le rapport du social au politique dans la répartition des rôles, en respectant l'indépendance de chacun", décrypte Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis. Tout a été fait pour cela. D’abord, Jean-Luc Mélenchon a fait le maximum pour. Il a d’abord participé en simple manifestant aux journées d’action des 12 et 21 septembre, organisées notamment pas la CGT, histoire de contrer les inquiétudes du syndicat de le voir empiéter sur ses plates-bandes.

Jean-Luc Mélenchon a aussi profité de la crise au Front national pour lancer un appel. Jeudi, il n'a pas attendu une minute pour s'adresser aux électeurs du Front national déboussolés par le départ fracassant du numéro 2 du parti, Florian Philippot. "Les gens qui étaient très fâchés et pas fachos, je leur dis maintenant ‘tournez leur le dos et venez avec nous, parce que nous on défend les salariés, et les autres aussi’", a-t-il lancé jeudi sur RTL.

Car Jean-Luc Mélenchon est tout de même soucieux d’attirer à lui des alliés. "Notre objectif, c'est le retrait des ordonnances, on ne l'obtiendra pas tous seuls, on le sait", reconnaît ainsi Manuel Bompard, lieutenant du leader de la France insoumise. L’ex-candidat à la présidentielle pourra d’ailleurs compter sur la présence de l’un de ses anciens rivaux, Benoît Hamon, et de son mouvement du 1er juillet (M1717). Seront aussi présents Emmanuel Maurel, député européen socialiste, et son courant "Maintenant la gauche". En revanche, le Parti communiste, fâché, n'enverra qu'une délégation, et son secrétaire national Pierre Laurent sera absent pour cause de Journées de la paix. La CGT n'a pas non plus officiellement appelé à défiler, mais nombre de ses membres devraient en être.

Macron démine

Nul doute qu’à l’Elysée, on suivra avec attention cette mobilisation. Les deux précédentes, les 12 et 21 septembre, ont été plutôt mitigées et accueillies avec le sourire au Palais présidentiel. Cette fois, il pourrait en être autrement. Alors le président de la République s’est attaché à déminer par anticipation les conséquences de la journée de samedi.

"Je crois dans la démocratie, mais la démocratie ce n'est pas la rue", a déclaré sur CNN le chef de l’Etat jeudi depuis New York, où il participait à l’assemblée générale de l’ONU. "Je respecte ceux qui manifestent", a précisé Emmanuel Macron. "Mais je  respecte aussi les électeurs français, et ils ont voté pour le changement", a-t-il ajouté. Une position d’inflexibilité qui n’empêche pas le chef de l’Etat d’être agacé par son encombrant opposant. "Monsieur Mélenchon a toujours raison contre le peuple", a-t-il récemment déclaré, selon Le Figaro.

Et les macronistes ne sont pas en reste, quand il s’agit de s’en prendre à Jean-Luc Mélenchon. "Je crois que conceptuellement, ce que porte la France insoumise, c'est la fin de la République", a tout bonnement déclaré Sylvain Maillard, député de Paris, sur Public Sénat. "Nous combattons plus fermement Jean-Luc Mélenchon et son mouvement parce que cette vision un peu idyllique d'une société comme il la souhaite, il faut toujours rappeler que ça finit toujours mal", a conclu l’élu.

Le ton monte, donc, et la journée de samedi ne devrait pas calmer les esprits. Et le bras de fer ne pourrait que commencer. Car si la mobilisation est à la hauteur de leurs espérances, les leaders de la France insoumise ont déjà prévenu que d’autres suivront.