Le double discours de Wauquiez vis-à-vis des investissements chinois

Laurent Wauquiez a approuvé, en tant que président de Région, une souscription de 5 millions d'euros dans un fonds de capital-investissement chinois.
Laurent Wauquiez a approuvé, en tant que président de Région, une souscription de 5 millions d'euros dans un fonds de capital-investissement chinois. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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En public, le président des Républicains fustige l'arrivée d'investisseurs chinois au capital de fleurons français. Plus discrètement, le président de Région n'hésite pas à investir dans des fonds sino-européens.

Sur quel pied danser avec Laurent Wauquiez ? Le patron des Républicains se révèle souvent déroutant. Celui qui n'hésite pas à se poser en défenseur des territoires, aimant à rappeler qu'il n'habite pas dans la capitale, a pourtant effectué toute sa scolarité dans les beaux arrondissements parisiens. Celui qui revendique le parler "cash" a confié à des étudiants de l'EM Lyon servir du "bullshit" aux médias. Et celui qui s'offusque publiquement que des investisseurs chinois entrent au capital d'entreprises françaises est aussi le président de Région qui donne son feu vert à la souscription de millions d'euros dans un fonds sino-européen.

Cinq millions d'euros.C'est le Journal du Dimanche qui révèle cette opération discrète dans son édition du 25 février. En mars 2017, la commission permanente du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a autorisé l'investissement de 5 millions d'euros dans un fonds de capital-investissement, Sino-French Innovation. Lancé par la compagnie Cathay Capital en 2015, ce fonds attire beaucoup d'actionnaires français, privés comme publics. Mais il n'en appartient pas moins à un homme d'affaires chinois. Objectif de l'opération : "faciliter l'implantation de PME locales en Asie" en profitant des "nombreuses entrées" de Cathay Capital dans l'Empire du Milieu, argue le cabinet de Laurent Wauquiez dans les colonnes de l'hebdomadaire.

En catimini. Il n'y a là rien d'illégal, mais les opposants auvergnats de Laurent Wauquiez regrettent une décision prise en catimini, sans débat devant l'assemblée régionale. "Je n'étais même pas au courant", peste Philippe Langenieux-Villard, maire LR d'Allevard, en Isère, dans le JDD. "Ici, tous les dossiers sont traités et conclus dans les bureaux du président", souffle quant à lui Stéphane Gemmani, fondateur du Samu social de Grenoble.

Quoi qu'il en soit, il semble que la méfiance de Laurent Wauquiez à l'égard des investisseurs chinois soit à géométrie variable. En novembre 2016, sur Europe 1, il s'était ainsi ému que des "fleurons industriels comme PSA [soient] vendus aux Chinois".