Interdiction du voile lors des sorties scolaires : "Qu'on leur fiche la paix !", demande le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis

Stéphane Troussel, président du conseil département de Seine-Saint-Denis 8:23
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Europe1.fr
Alors que le débat fait rage en France sur les questions de laïcité et plus particulièrement sur le port du voile lors des sorties scolaires, le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis appelle à la mesure.
INTERVIEW

"De quoi parle-t-on ? Il y a une maman musulmane qui se fait humilier devant son petit garçon par un élu d’extrême-droite, et la France débat du voile et du communautarisme ? Il y a deux fidèles d’une mosquée qui se font tirer dessus, et la France débat du voile et du communautarisme ? Où va ce pays ? Les faits graves commis contre nos concitoyens de confession musulmane, voilà ce qui doit être condamnés", commence Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, étiqueté Parti socialiste (PS).

Les questions de laïcité, du voile aux listes communautaires aux prochaines élections municipales, sont sur toutes les lèvres des élus français. Le Sénat a voté, mardi, l'interdiction du port de signes religieux pour les accompagnants de sorties scolaires.

"Est-ce que ce pays pourrait arrêter de s'emballer sur cette question ?"

"Je suis président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, je suis né à Saint-Denis, j’habite La Courneuve depuis ma naissance. Je fais des permanences dans le canton où je suis élu, La Courneuve, où j’ai grandi, où j’ai été scolarisé, où mes enfants sont scolarisés, et quand mes concitoyens viennent me voir à ma permanence, de quoi viennent-ils me parler ? Ils ne viennent pas me parler de religion, ils viennent me parler de logement, de sécurité, d’emploi, d’accès à la crèche. Est-ce que ce pays pourrait arrêter de s’emballer sur cette question ?", interpelle Stéphane Troussel.

Au sujet des élections municipales de mars 2020, le gouvernement prépare la riposte à l'élection de listes "communautaires", alors même que la probabilité d'élection reste très faible.

"Il y a des mesures à prendre une fois l’élection passée", disait Sébastien Lecornu, interrogé mardi sur Europe 1. "Pour un maire qui détournerait ses pouvoirs de police ou un maire qui désorganiserait le service public à des fins communautaristes, il y a des moyens de sanctionner. Il existe déjà des procédures pour suspendre un maire ou le démettre. Je pense que nous pouvons aller plus loin".

"Ils veulent être des citoyens à part entière"

Stéphane Troussel, lui, s'interroge : "Je ne méconnais pas les tentations qui peuvent exister chez certains, les volontés d’un islam politique pour d’autres. Mais il faut ramener cela à sa juste proportion. Les citoyens de confession ou de culture musulmane qui vivent dans les quartiers populaires veulent être des citoyens à part entière. Qu’on leur fiche la paix sur leur religion !".

L'élu du conseil départemental de Seine-Saint-Denis rappelle que les listes communautaires n'ont récolté que 0,13% des voix aux dernières élections européennes. "Les déclarations à l'emporte-pièce d'un certain nombre de pompiers pyromanes se heurtent à la réalité du terrain", finit-il.