La sécurité, nouvel enjeu politique crucial pour le gouvernement

Antonin André, chef du service politique à Europe 1
Antonin André, chef du service politique à Europe 1 © Europe 1
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Mercredi, l'agression d'un policier dans une voiture en flammes a choqué l'opinion publique. Les Français commencent à s’agacer de ce climat de violence quasi-quotidienne.

Les Français derrière la police. Les images ont fait le tour du pays : l'agression d'un policier dans une voiture en flammes, en marge d'une manifestation des forces de l'ordre mercredi. Et elles ont indigné beaucoup de Français. Depuis plusieurs semaines désormais, des incidents violents émaillent les manifestations. Et cela devient un problème politique pour le gouvernement. Le dernier sondage Elabe* le prouve : les trois quarts des personnes interrogées considèrent que le gouvernement n’est pas assez ferme face aux violences. Un autre étude d'opinion Osoxa montre, elle que trois quarts des Français soutiennent la police et que 76% des sympathisants de gauche sont derrière les forces de l'ordre.

La sécurité, deuxième priorité des Français. Certes, l’emploi reste la première préoccupation des Français, mais la sécurité au sens large – lutte contre le terrorisme et contre la délinquance – est remontée en seconde position en 2016. Dans ce contexte, les images de la voiture de police incendiée et de représentants de l’ordre qui fuient face à des casseurs participent du sentiment d’une violence sans limite. Elles pourraient reléguer au second plan les progrès sur le front de l'emploi ou les bons résultats économiques du pays. Le déchaînement de critiques à droite ramène la gauche à une image de laxisme, d’impuissance face aux casseurs et d’incompétence en matière de sécurité.

Centre villes saccagés. La France a connu des attentats sans précédents en moins un d’un an en. Récemment, outre l'affaire de la voiture de police, des images de centre villes saccagés, comme à Nantes ou à Rennes, ont marqué les esprits. Des permanences du PS ont également été mises à sac, des commissariat pris pour cible. Il ne s'agit donc pas simplement d'un "sentiment d’insécurité" pour reprendre les mots de Lionel Jospin en 2002.

A cet égard, une anecdote politique est restée dans les mémoires : l'ancien Premier ministre pouvait défendre, pendant sa campagne présidentielle, des résultats économiques formidables, un taux de chômage bas et une croissance haute. Seulement, il n'avait pas identifié le besoin de sécurité des électeurs. Le visage tuméfié de Papi Voise, un vieux monsieur agressé chez lui, avait fait l'ouverture du 20-Heures. Si ce n'était pas le seul handicap du candidat du PS, Lionel Jospin avait fait l'erreur de mésestimer l’impact de ce fait divers, et certains disent encore que cette affaire lui a coûté sa place au second tour de l'élection présidentielle de 2002. 

François Hollande était à l’époque premier secrétaire du PS, il veut donc éviter de faire la même erreur. C’est la raison pour laquelle son gouvernement multiplie les consignes de fermeté. Le ministre de l’Intérieur promet davantages de de sanctions et d’interdictions individuelles de manifester.