Interview trop amendée : Matignon se défend après un incident avec "Les Echos"

Matignon estime que la relecture des interviews de ministres permet "d'éviter les contre-sens".
Matignon estime que la relecture des interviews de ministres permet "d'éviter les contre-sens". © Eric FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
Après la polémique née du refus des Échos de publier une interview trop relue d'Élisabeth Borne, Matignon a expliqué que cette pratique permettait "d'éviter les contre-sens".

Pour le gouvernement, il s'agissait de "reformuler, simplifier et enrichir" les propos d'Élisabeth Borne. Matignon a défendu mardi le recours à une "convention" habituelle visant à "éviter des contre-sens" après avoir modifié une interview aux Échos de la ministre des Transports à propos de la SNCF. Le journal avait refusé de la publier, mi-mars.

"Spécificité française". "Le principe des relectures des interviews est une convention qui ne date pas d'aujourd'hui et qui permet d'éviter d'éventuels contre-sens dans la retranscription des entretiens", a-t-on indiqué dans l'entourage du Premier ministre Édouard Philippe. Pour Matignon, la pratique controversée "s'explique largement par la spécificité française de résumer les entretiens sous la forme de questions-réponses, alors que les médias anglo-saxons insèrent des citations sans les modifier dans le corps des articles". "Souvent, les ministres concernés eux-mêmes profitent de la relecture pour reformuler, simplifier ou enrichir. C'est ce qui s'est passé avec l'interview de la ministre des Transports", affirme-t-on de même source.

Une pratique contestée au sein des rédactions. Lundi soir, le quotidien économique avait révélé avoir renoncé à publier une interview "pourtant prudente" d'Élisabeth Borne car elle avait été "tellement réécrite par les services du Premier ministre". 

Le refus est venu nourrir le débat sur une pratique de plus en plus contestée au sein des rédactions, mais qui comprend aussi ses défenseurs. Mi-janvier, le quotidien La Voix du Nord a décidé de mettre fin à la pratique de relecture des papiers par les personnalités interrogées, en soulignant qu'elle devenait un "exercice de réécriture pour la plupart" des cas. Édouard Philippe a depuis accordé une interview, effectivement non relue, au journal du nord de la France.