Foire d'empoigne à l'Assemblée nationale pour la nomination des postes clefs

© Thomas SAMSON / AFP
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Maxence Lambrecq, édité par R.Da. , modifié à
La droite s’est déchirée mercredi sur la nomination des questeurs, provoquant, par voix de conséquence, un important blocage alors que devait être désigné le bureau de l'Assemblée nationale.

Une fronde jusqu'à 1 heure du matin. Le deuxième jour de la législature, traditionnellement consacré à la nomination de la vingtaine de postes qui constituent le bureau de l'Assemblée Nationale, a viré mercredi au pugilat. D'ordinaire, la répartition des postes se décide en coulisse, et dans le respect des forces politiques élues. En 2012, il n'avait fallu que cinq minutes. Un quinquennat plus tard, la bataille a duré près de dix heures.

Les deux droites se déchirent sur les candidatures. C'est le résultat d'un cocktail explosif : une guerre des droites, de nombreux députés inexpérimentés, et sept groupes parlementaires qui bataillent pour récupérer des postes clefs. C'est la désignation par la droite d'Eric Ciotti pour être l'un des trois questeurs de l'hémicycle qui a mis le feu aux poudres. Les "Constructifs", emmenés par Thierry Solère, ont refusé ce choix, et le député de Boulogne-Billancourt, lui-même candidat, a finalement été choisi, grâce au vote des marcheurs. Immédiatement, la droite crie au scandale.

"Il n'y a pas une démocratie moderne au monde où c'est la majorité qui désigne son opposition après une combinaison invraisemblable", a réagi Christian Jacob, président du groupe LR. "Trois questeurs ont été élus. Où est le déni de démocratie monsieur Jacob ?", lui a répondu Franck Riester, l'un des chefs de file des élus de droite Macron-compatibles.

Blocage des séances. En guise de représailles, la droite dure a retiré toutes ses autres candidatures pour bloquer le système. Les suspensions de séances se sont multipliés jusque tard dans la nuit. On a vu certains députés allongés par terre dans la salle des fêtes, un sandwich à la main, pendant que le trublion Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, a tenté d'amuser la galerie : "Une idée m'est venue subitement. Je présente aussi ma candidature" à la vice-présidence de l'Assemblée nationale, a-t-il lâché sous les rires de ses collègues.

La main basse de la majorité. Profitant de la confusion générale, La République en marche! a présenté six candidatures pour les six postes de vice-président, ce qui n'a pas manqué de faire bondir Jean-Luc Mélenchon. "Vous prenez toutes les places après avoir dit exactement le contraire. Tout cela fait davantage pantalonnade que décision." Résultat : tous les postes clefs reviennent jeudi matin à la majorité. Une situation "transitoire", assure cependant Richard Ferrand. "Est-ce que c'est ça la nouveauté ? Le nouveau monde que vous voulez introduire dans cet hémicycle ?", s'est indigné le communiste André Chassaigne, dénonçant le "rouleau-compresseur" de la majorité.