Hollande met en garde contre une "fiscalité allégée pour les riches"

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avec AFP , modifié à
Après les critiques implicites d'Emmanuel Macron lors de son interview télé dimanche soir, François Hollande a défendu son idée de la redistribution des richesses.

François Hollande a mis en garde lundi, depuis Séoul, contre "une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou les classes moyennes", alors que l'examen du premier budget du quinquennat Macron, qui comprend notamment une réforme de l'ISF, débute mardi à l'Assemblée.

"La réussite de ceux qui s'enrichissent en dormant". "Si dans un pays l'idée s'installe qu'il y a une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou les classes moyennes, alors c'est la capacité qu'il a à se mobiliser pour son avenir qui se trouve mise en cause", a déclaré l'ancien président en réponse à une question, après son discours lors du "World Knowledge Forum", selon des propos transmis par son entourage. "La politique fiscale doit favoriser l'investissement, pas la rente. Je ne suis pas contre la réussite, mais elle ne doit pas être celle de ceux qui s'enrichissent en dormant. Ceux qui travaillent doivent avoir le bénéfice de leurs efforts et je ne vois pas pourquoi il faudrait consentir des largesses aux contribuables qui savent placer très opportunément leur argent", a également déclaré François Hollande.

Une phrase qui fait écho à la citation de François Mitterrand déclarant en 1990 : "Aujourd'hui, on peut s'enrichir en dormant, il suffit d'être propriétaire de bonnes valeurs mobilières ou propriétaire de bons terrains, ou de bons locaux et il suffit de regarder le temps passer".

Hollande défend ses mesures. Dimanche sur TF1, Emmanuel Macron a défendu son projet de supprimer la part non immobilière de l'ISF, fustigeant la "jalousie" française envers les riches et critiquant sans le nommer son "prédécesseur", François Hollande. "Quand il s'est agi pour la France, à un moment particulièrement difficile avec la crise des subprimes, des déficits qui s'étaient alourdis, de réduire les déficits, j'ai fait appel à la fiscalité. Mais quand il y a eu le retour à la croissance, j'ai fait baisser les impôts des catégories moyennes, qui sont les plus importantes, et j'ai maintenu une fiscalité relativement élevée pour les grandes fortunes", a également déclaré François Hollande.

"Une nécessité de prendre sa part à l'effort national". "Je pense que c'est un facteur qui permet de faire le consensus et d'éviter qu'il y ait une contestation du modèle même que nous voulons promouvoir, celui d'une économie ouverte. J'insiste beaucoup sur le fait que si le chantage est de partir de son pays pour les plus riches, quel exemple donné à la jeunesse, quel exemple donné aux classes laborieuses ! Il y a une nécessité de prendre sa part à l'effort national, c'est pourquoi je dissuade bien sûr d'avoir des prélèvements confiscatoires, mais je pense qu'il est utile d'avoir une fiscalité juste dans un pays", a-t-il développé.

Des inégalités toujours plus fortes. La mondialisation, a relevé l'ancien président français, "a incontestablement augmenté les inégalités à mesure que la croissance elle même progressait. Nous avons donc une croissance qui est inégalitaire avec une concentration de la richesse sur un nombre limité de personnes. Il faut donc avoir une politique de redistribution par la fiscalité". "Le dilemme, c'est que chaque fois qu'on peut taxer la richesse, elle peut maintenant se délocaliser. Il faut prendre en compte ces risques et en même temps ne pas renoncer à réduire les inégalités parce que la fiscalité est un facteur de cohésion nationale et sociale".