Gérald Darmanin : "La droite n'a pas compris la société dans laquelle elle vivait"

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A.D , modifié à
Le ministre de l'Action et de comptes publics, qui se dit toujours homme de droite malgré son entrée au gouvernement, dresse le portrait d'une droite qui s'est enfoncée dans les erreurs et qui est en train de se radicaliser.
INTERVIEW

Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des comptes publics, a présenté lundi son projet de loi de droit à l'erreur des administrés face à l'administration. Deux jours plus tard sortait son livre "Chroniques de l’ancien monde : quand la droite s’est perdue", aux éditions de l’Observatoire. Le ministre était l'invité de l’émission C'est arrivé cette semaine, son premier rendez-vous radio après la sortie de son ouvrage le 29 novembre. L'occasion de lui demander, à travers ce livre accablant pour les Républicains, s'ils ne bénéficient pas eux aussi d'un droit à l'erreur.

Une administration "parfois bête et méchante". Le ministre revient d'abord sur sa réforme. Pour lutter contre la bureaucratie dans l'administration, c'est dans les esprits que les choses doivent évoluer, selon Gérald Darmanin. "Il y a une administration parfois très tatillonne, parfois bête et méchante et je pense que l'idée, c'est de libérer les énergies et montrer qu'elle est là pour le service au public. Il y a un paradoxe : les Français aiment leurs services publics et ils n'aiment pas leur administration et ont souvent des mauvaises idées sur les agents publics. Mais l'administration a formé l'Etat, a contribué à rester un pays unitaire."

" Finalement, les affaires n'ont été que l'accélérateur d'une décomposition avancée. "

Ce qui change en pratique dans le texte qu'il présente à la demande du président de la République et du Premier ministre, c'est une inversion du principe de la bonne foi. "La bonne foi aujourd'hui est du côté de l'administration et c'est à vous de montrer que l’administration se trompe. Demain, ce sera l'inverse. L'administration devra prouver votre mauvaise foi, ce qui fera gagner beaucoup e temps à tout le monde."

Laurent Wauquiez "assume" la radicalisation. Cette société de bienveillance et de confiance que le ministre appelle de ses vœux n'a pas été comprise par la droite, si l'on en croit son essai. "La droite n'a surtout pas compris la société dans laquelle elle vivait. Elle n'a pas travaillé. Elle n'a pas compris, pour plein de raisons, la défaite de Nicolas Sarkozy, la guerre Copé-Fillon. C'est lointain mais ça a empêché de travailler". S'y ajoutent, selon Gérald Darmanin, "le manque de leader naturel, la primaire qui a concentré son électorat, un programme de François Fillon que j'ai toujours trouvé trop dur. Et puis finalement, des affaires qui n'ont été que l'accélérateur d'une décomposition avancée", tacle le ministre qui a quitté Fillon après le discours idéologique du Trocadéro.

"Marion Maréchal plus intelligente que sa tante". "François Fillon a subi - à la fois par son programme et ses affaires - la radicalisation de son électorat. Et je crois que Laurent Wauquiez l'a théorisé et l'assume tout à fait", estime Gérald Darmanin, à quelques jours de l'élection du futur président des Républicains. Le ministre fait par ailleurs une mise en garde dans son livre contre un rapprochement entre Marion Maréchal Le Pen et Laurent Wauquiez. "Marion Maréchal Le Pen est à la fois plus intelligente que sa tante, plus efficace, plus charmante, plus sérieuse dans ses convictions" et Laurent Wauquiez, "major de l'Ena, évoque le grand remplacement culturel, ça veut dire quelque chose", souligne le ministre qui voit  leur alliance comme "une évidence".