corse, yvan colonna 1:43
  • Copié
Frédéric Michel (envoyé spécial en Corse), édité par Solène Leroux , modifié à
Après les obsèques d'Yvan Colonna vendredi, après le deuil et le recueillement, que peut-il se passer en Corse ? L'Île est-elle désormais engagée dans un processus qui pourrait mener à l'autonomie ? C'est la question que beaucoup de monde sur l'île se pose avec inquiétude.
REPORTAGE

Vendredi, les obsèques d'Yvan Colonna ont rassemblé des milliers de personnes à Cargèse en Corse. Après le deuil et le recueillement, que peut-il se passer ? L'Île est-elle désormais engagée dans un processus qui pourrait mener à l'autonomie ? C'est la question que beaucoup de monde ici sur l'île se pose avec inquiétude. "Il y en a qui ont allumé la mèche. Je ne sais pas qui va l'éteindre", alarme un habitant. Au pouvoir sur l'île depuis 2015, élu à deux reprises, les nationalistes de Femu a Corsica, le parti autonomiste de Gilles Simeoni, regrettent que l'État n'ait pas ouvert le dialogue plus tôt.

Un dialogue franc, sans tabou, comme l'a promis Gérald Darmanin lors de sa visite il y a dix jours

"Pas de l'escalade institutionnelle par plaisir"

Michel Castellani, le député de Haute-Corse, attend, lui, une véritable main tendue de l'État. "Nous sommes en contact permanent avec le gouvernement', déclare-t-il au micro d'Europe 1. "Il va falloir essayer de voir jusqu'où on peut avancer."

Mais il l'assure : "Ce que nous essayons de faire, ce n'est pas de l'escalade institutionnelle par plaisir." Le député affirme que "la Corse est en crise profonde sur le plan économique, social, culturel, il y a un problème historique". À son sens, "fermer une porte ou dire que notre problème n'existe pas, que c'est pareil en Bretagne ou au Pays basque ; tout ça, ce ne sont pas des réponses", juge-t-il.

L'espoir d'un processus historique

L'espoir de voir s'engager un processus historique après des années d'incompréhension est grand. Et les remontrances cinglantes du chef de l'État et de son ministre de l'Intérieur, après notamment la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments de la collectivité corse, n'inquiète pas Bernard, un militant nationaliste de la première heure. "Ce sont des paroles qui sont peut-être à usage interne", suppute-t-il. "Il y a quand même une élection dans les semaines qui viennent", poursuit-il.

Mais pour lui, "après le temps des élections, je crois qu'il faudra être tous autour d'une table ; j'espère que la raison l'emportera". À Cargèse, les leaders et représentants de toute la mouvance nationaliste étaient réunis autour de la famille et du cercueil d'Yvan Colonna. Leur union, ou désunion, dictera la suite des événements sur l'île.