Françoise Nyssen a passé le flambeau à Franck Riester, mardi, au ministère de la Culture, lors d'une cérémonie empreinte d'émotion, durant laquelle elle a évoqué la "dureté" du monde politico-médiatique et regretté d'avoir été privée de la tutelle du secteur de l'édition. Tout en se disant "heureuse et fière du travail accompli", notamment en faveur de l'accès à la culture, la ministre a tenu à exprimer "un regret (…), ne pas avoir pu pleinement faire profiter le gouvernement de (s)on expérience d'éditrice".
"Un temps d'adaptation nécessaire". L'ex-ministre s'était vu retirer en juillet, au profit de Matignon, la régulation économique du secteur de l'édition et la tutelle du Centre national du livre (CNL), afin d'éviter tout conflit d'intérêts avec ses anciennes fonctions de présidente du directoire d'Actes Sud. "Si cette décision peut être fondée en droit, elle souligne les difficultés pour les personnes issues de la société civile à partager leur expérience dans la sphère publique", a-t-elle souligné. "Nous n'étions pas tous préparés, venant de la société civile. Pour nombre d'entre nous, un temps d'adaptation fut nécessaire à une forme de violence, à la dureté politico-médiatique, cela n'a échappé à personne", a-t-elle également lancé, s'élevant en outre contre les "ricanements et objections" qui ont accueilli son projet de faire circuler des chefs-d'oeuvre comme "La Joconde" dans les régions.
Françoise Nyssen regrette de "ne pas avoir pu faire profiter le gouvernement de son expérience d'éditrice" pic.twitter.com/31baDKVfw5
— BFMTV (@BFMTV) 16 octobre 2018
"La passion mise au service de la Culture". Elle a en outre rendu un hommage appuyé à Agnès Saal, l'ex-patronne de l'INA condamnée à trois mois de prison avec sursis et une double amende après des révélations sur ses frais de taxis excessifs, et dont la nomination cet été comme "haut fonctionnaire à l'égalité" au sein du ministère de la Culture avait suscité des grincements de dents.
De son côté, Franck Riester a estimé que sa nomination à la Culture était une "immense responsabilité" car elle "nous rassemble" et "nous permet de tout simplement mieux exercer le métier de la vie", reprenant une expression du poète italien Cesare Pavese. "Je m'emploierai à faire de ce ministère celui de la passion mise au service de la Culture", a-t-il ajouté, en invoquant d'autres artistes tels que Nicolas de Staël, Goscinny et Uderzo, Jules Verne ou Rodin.